La présidente de l’Union des communautés juives et le grand rabbin de Pologne ont publié une déclaration justifiant l’ambassadeur polonais en Allemagne nazie, vertement critiquée par Vladimir Poutine pour sa promesse d’ériger une statue d’Hitler à Varsovie si ce dernier concrétisait son intention d’envoyer la population juive en Afrique.
La présidente de l’Union des communautés juives en Pologne, Klara Kolodziejska-Poltyn, et le grand rabbin de Pologne, Michael Schudrich, ont pris la défense de l’ambassadeur polonais en Allemagne nazie, Jozef Lipski, récemment ciblé par Vladimir Poutine.
Selon Rzeczpospolita, ils ont affirmé dans leur déclaration commune que la Pologne avait soutenu l’émigration de 10% de la population juive en coopération avec le mouvement sioniste et que l’ambassadeur Lipski avait soutenu les juifs polonais expulsés par l’Allemagne nazie en 1938.
Vladimir Poutine avait précédemment qualifié le diplomate de «sal**d» et de «crapule antisémite», rappelant qu’il avait soutenu l’idée d’Adolf Hitler d’expulser les juifs polonais en Afrique et qu’il avait promis de lui élever un monument à Varsovie s’il réalisait cette intention.
Après ces propos sur Jozef Lipski, l’ambassadeur russe Sergueï Andreev a été convoqué au ministère polonais des Affaires étrangères où il a eu, selon lui, «un entretien dur mais correct» avec le directeur du département oriental.La position du Président russe a été soutenue par de nombreux hommes politiques. Le président de la Douma, Viatcheslav Volodine, a appelé Varsovie à s’excuser pour les propos tenus à l’époque par Lipski. La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova a évoqué l’inadmissibilité d’altérer l’Histoire dans l’intérêt de la conjoncture politique moderne.
Le député Viatcheslav Nikonov a quant à lui signalé que le ministère russe des Affaires étrangères ne convoquait pas l’ambassadeur polonais après chaque incartade antirusse dans son pays. Selon lui, dans le cas contraire, les diplomates polonais «auraient dû s’installer au siège du ministère russe place Smolenskaïa».
Prenant la parole le 24 décembre à une réunion des responsables du ministère russe de la Défense, M.Poutine a évoqué les tentatives d’altérer l’Histoire et plus particulièrement l’adoption par le Parlement européen d’une résolution qui place «presque sur le même plan l’Allemagne hitlérienne et l’Union soviétique, sous-entendant, voire déclarant directement, que c’est l’Union soviétique qui est responsable d’avoir déclenché» la guerre. Il a qualifié cette position de «pur délire».
Le Parlement européen a adopté le 19 septembre une résolution indiquant «que la Seconde Guerre mondiale, conflit le plus dévastateur de l’Histoire de l’Europe, a été déclenchée comme conséquence immédiate du tristement célèbre pacte de non-agression germano-soviétique du 23 août 1939», ou pacte Molotov-Ribbentrop, «dont les protocoles secrets divisaient l’Europe et les territoires d’États indépendants en sphères d’influence des deux régimes totalitaires, ouvrant la voie au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.»
Le document a été adopté à 535 voix contre 66.