La vidéosurveillance a révélé que Carlos Ghosn avait quitté seul dimanche dernier sa résidence à Tokyo, selon des sources proches de l’enquête citées vendredi par des médias japonais, alors que les détails de sa fuite au Liban demeurent très nébuleux.
Captées dimanche vers 12H00 (03H00 GMT), ce sont les dernières images de l’ancien patron de Renault et Nissan à avoir été saisies par une caméra placée près de l’entrée de son domicile pour surveiller ses entrées et sorties, selon la chaîne NHK.
La vidéo n’a pas révélé de présence suspecte à ses côtés à ce moment-là. La police japonaise soupçonne qu’il aurait alors rejoint quelqu’un d’autre pour prendre l’avion, toujours selon la télévision nippone, raconte l’AFP.
M. Ghosn a assuré jeudi avoir organisé «seul» son départ au Liban, sans toutefois livrer de détails sur cette fuite rocambolesque.
Imad Ajami, un ami libanais de M. Ghosn installé au Japon, a suggéré jeudi à l’agence japonaise Kyodo News qu’il avait pu s’enfuir en se cachant dans une caisse d’instrument de musique après un concert donné chez lui, aidé par deux agents de compagnies de sécurité privées se faisant passer pour des musiciens.
Son trajet aérien semble en revanche plus certain. Il est soupçonné d’avoir d’abord embarqué dans un jet privé à l’aéroport international du Kansai, près d’Osaka (ouest du Japon) dimanche 29 décembre tard dans la soirée, à destination d’Istanbul.
Après une brève escale lundi aux aurores à l’aéroport Atatürk, utilisé par les avions cargo et pour des vols privés, M. Ghosn a pris un autre jet privé pour gagner Beyrouth peu après.
Son domicile à Tokyo a été perquisitionné jeudi par les enquêteurs japonais, tandis que sept personnes, dont quatre pilotes, ont été interpellées en Turquie dans le cadre d’une enquête ouverte sur place pour comprendre les circonstances de son transit par ce pays.
Le parquet général libanais a par ailleurs reçu jeudi une «notice rouge» d’Interpol. Ces avis de recherche internationaux sont lancés sur demande des pays membres. Il n’existe toutefois pas d’accord d’extradition entre le Liban et le Japon.
Aujourd’hui âgé de 65 ans, le patron franco-libano-brésilien avait été arrêté en novembre 2018 au Japon puis inculpé pour diverses malversations financières présumées. Après 130 jours sous les verrous, il avait été libéré sous caution fin avril, sous de strictes conditions et avec l’interdiction de quitter le pays dans l’attente de son procès.M. Ghosn est soupçonné d’avoir employé un moyen illégal de sortie du territoire, soit sous une fausse identité ou en échappant aux contrôles.
Ses trois passeports (français, libanais, brésilien) étaient conservés dans un coffre par ses avocats japonais, pour limiter les risques de fuite.
Cependant M. Ghosn détenait un second passeport français, dans un étui scellé et dont le code d’ouverture était seulement connu de ses avocats japonais, a précisé jeudi à l’AFP une source proche du dossier.
La justice japonaise l’avait autorisé à posséder ce document, pour lui servir de visa de court séjour dans l’archipel. Il devait donc toujours l’avoir à portée de main pour ses déplacements dans le pays, selon cette même source.
Si ce second passeport français ne lui a pas servi à quitter le territoire japonais, il a pu théoriquement lui servir lors de son escale turque.
Les autorités libanaises ont quant à elles indiqué que M. Ghosn était entré légalement dans le pays, muni de sa carte d’identité libanaise et d’un passeport français.
Carlos Ghosn doit tenir une conférence de presse la semaine prochaine à Beyrouth.