La décision de promouvoir le patron de la filiale française de BlackRock au rang d’officier de la Légion d’honneur est pleinement assumée par Matignon, selon les sources proches du dossier. Le groupe financier est pourtant accusé d’avoir influencé à son avantage la réforme des retraites, qui a provoqué depuis un mois des grèves massives en France.
Le groupe financier BlackRock se trouve au cœur d’une polémique après que le patron de sa filiale française, Jean-François Cirelli, a été promu au rang d’officier de la Légion d’honneur le 1er janvier. Le premier gestionnaire d’actifs au monde est en effet accusé d’avoir influencé la réforme des retraites, contre laquelle des grèves record ont touché le pays depuis le 5 décembre. Mais Matignon assume pleinement sa décision et en a donné les raisons, d’après les informations du Parisien.
L’équipe d’Édouard Philippe était consciente que cette décision, dans un tel contexte, allait faire parler d’elle. Mais elle a choisi de ne pas se laisser faire «par le complotisme de l’extrême gauche ou de l’extrême droite», a indiqué une source du quotidien. «Si on avait caché son nom, cela aurait voulu dire qu’on avait les chocottes. Et on n’a pas les chocottes», a-t-elle ajouté.
Selon un proche du Premier ministre, «l’ascension sociale de ce petit gars de Savoie» a fait de lui «le prototype des personnalités éligibles à ce type de distinction». Il côtoie depuis longtemps les hautes sphères du pouvoir : conseiller économique de Jacques Chirac de 1995 à 2002, puis directeur adjoint de Jean-Pierre Raffarin jusqu’en 2004, avant de devenir PDG de GDF-Suez de 2005 à 2015.
Il connaît bien Édouard Philippe, son directeur de cabinet, ainsi que Jean-Paul Delevoye, l’ancien haut-commissaire aux retraites, ou encore Brigitte Macron, affirme Le Parisien. La décision finale de promouvoir les personnes listées par la Grande chancellerie de la Légion d’honneur revient d’ailleurs au Président de la République.
Un conseiller de l’Élysée a expliqué à franceinfo que le cheminement d’un dossier de Légion d’honneur est «long et fastidieux», et a assuré qu’il n’est pas de leur fait que le nom du patron de BlackRock France soit arrivé dans un contexte de conflit social lié à la réforme des retraites.
Au lendemain de la nouvelle, Jean-François Cirelli a fait part de son regret d’être «pris à partie dans une polémique infondée» face aux nombreuses critiques de l’opposition et aux accusations qui concernent l’entreprise qu’il dirige depuis trois ans.
«BlackRock n’est pas un fonds de pension, il ne distribue aucun produit d’épargne retraite et nous n’avons pas l’intention de le faire», a-t-il affirmé, cité par l’AFP. «À plusieurs reprises, nous nous sommes exprimés pour dire que nous n’avions pas cherché à influencer le gouvernement ni sur la réforme actuelle des retraites», a-t-il rappelé.
Fondé en 1988, BlackRock est le plus grand gestionnaire d’actifs au monde, avec un portefeuille de quelque 7.000 milliards de dollars (6.280 milliards d’euros). Il compte plus de 16.000 employés répartis dans 30 pays. Le groupe avait déjà manifesté cet été son intérêt pour la loi Pacte votée en mai, qui ouvre des possibilités en matière d’investissement et d’épargne, notamment grâce à la réforme des retraites.