L’armée américaine risque son deuxième retrait forcé d’Irak en une décennie, après le vote dimanche du Parlement irakien pour réclamer son expulsion du pays, choqué par l’assassinat à Bagdad du puissant général iranien Qassem Soleimani.
Lors d’une séance extraordinaire en présence du Premier ministre démissionnaire Adel Abdel Mahdi, le Parlement irakien a demandé dimanche au gouvernement de « mettre fin à la présence des troupes étrangères » en Irak.
De l’invasion de 2003 jusqu’à ce vote, retour sur la présence américaine en Irak.
L’invasion américaine de 2003 pour renverser le régime de Saddam Hussein et l’occupation qui a suivi sont menées, de fait, sans l’accord de Bagdad.
On a dénombré jusqu’à 170.000 militaires américains en Irak en 2007.
En 2008, le président américain George W. Bush négocie avec Bagdad un accord définissant le statut juridique des troupes américaines en Irak, dit « Sofa » (Status of Forces Agreement) qui permet le maintien d’une présence militaire américaine jusqu’en 2011.
Après son arrivée à la Maison Blanche, son successeur démocrate, Barack Obama, tente sans succès de négocier un nouvel accord pour permettre à plusieurs milliers de militaire américains de rester en Irak après 2011, afin d’aider l’Irak à faire face aux problèmes persistants de sécurité, posés notamment par des groupes extrémistes.
Mais Bagdad rejette la demande de Washington d’accorder l’immunité aux militaires américains face aux tribunaux irakiens et le nouvel accord n’est pas conclu.
Le 8 décembre 2011, les derniers militaires américains quittent l’Irak.
Après le retrait américain, les jihadistes du groupe Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), dont le nom deviendra Etat islamique (EI), s’étendent, s’emparant de territoires en Irak et en Syrie pour y établir un « califat ».
L’armée irakienne se voyant débordée, Bagdad se tourne vers les Etats-Unis, en demandant notamment qu’ils soutiennent les forces irakiennes au sol avec des frappes aériennes.
Lorsque l’EI s’empare de Mossoul, en juin 2014, l’Irak présente une demande formelle aux Etats-Unis. Barack Obama autorise le retour de 275 militaires américains en Irak, et le Pentagone commence à mener régulièrement des frappes aériennes pour soutenir les forces irakiennes.
En août, les Irakiens « invitent » les Etats-Unis et leurs alliés à envoyer des troupes, donnant naissance à l’opération « Inherent Resolve » et à la coalition internationale menée par Washington (CJTF, Combined Joint Task Force), qui mène des opérations aériennes tout en armant, formant et offrant un soutien tactique aux Irakiens.
On dénombre 5.000 militaires américains en Irak en 2017, lorsque la lutte contre l’EI est à son maximum.
Le président républicain Donald Trump succède à Barack Obama, élu notamment sur la promesse de mettre fin à l’engagement militaire américain au Proche-Orient, contre l’avis du Pentagone.
En 2018, M. Trump annonce par surprise le retrait total des forces américaines de Syrie, précipitant la démission du chef du Pentagone, Jim Mattis.
En mars 2019, les forces arabo-kurdes aidées par les Etats-Unis proclament en Syrie la fin du « califat » de l’EI.
Mais peu avant, Donald Trump a suggéré que des militaires américains pourraient rester en Irak pour surveiller l’Iran, provoquant l’indignation en Irak, où de nombreux responsables politiques et différentes factions exigent leur retrait.
Le Pentagone maintient des forces en Irak afin d’empêcher une résurgence du groupe Etat islamique.
Il reste actuellement encore 5 200 militaires américains sur le sol irakien. Quelque centaines ont en plus été déployés la semaine dernière pour renforcer la sécurité des diplomates américains.