Sans s’impliquer de façon visible, Emmanuel Macron aborde les municipales comme le premier volet du trio de scrutins qui, avec les sénatoriales fin 2020 puis les départementales et les régionales en 2021 paveront la voie de la présidentielle dans deux ans.
Dans son entourage, la prudence est de mise pour mars. « Il ne serait pas anormal qu’on se vautre », prévient un ministre. « Nous avons toujours été très lucides sur l’échéance municipale. Les +midterms+ ne sont jamais bonnes pour le pouvoir en place », souligne une source gouvernementale.
Si Emmanuel Macron est déjà en campagne, c’est pour 2022. « Ce sera la première brique de notre construction jusqu’à l’élection présidentielle », ajoute la même source. « Mais nous n’avons jamais considéré qu’il fallait enjamber l’élection comme si c’était une dent à arracher ».
Le président prend soin de se tenir à distance. Hormis la réception de 2.000 maires à l’Elysée fin novembre, il évite actuellement tout événement qui pourrait s’apparenter à la campagne. Plusieurs de ses cérémonies de voeux resteront confidentielles.
« Il va essayer de se détacher de l’enjeu des municipales. Il n’ira probablement pas faire campagne dans des grandes villes pour soutenir ses candidats. Les Français ne l’attendent pas là », pronostique Franck Louvrier, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy.
« Il pensait sans doute pouvoir transformer l’essai après les européennes mais il sait qu’il n’est pas dans une phase de popularité et qu’il s’agit d’abord d’équations locales. De plus ses candidats ne sont pas toujours à la hauteur, comme le montre la multiplication des dissidents », souligne-t-il.
« Nicolas Sarkozy n’avait participé à la campagne que pour soutenir des proches. Emmanuel Macron ne sera pas comme lui ou François Hollande sollicité par des barons du parti », ajoute l’ex-conseiller.
– Le tremplin des régionales –
En coulisses, le chef de l’Etat prend en revanche l’affaire en main personnellement. Passionné de carte électorale qu’il a apprise canton par canton, il se penche sur les candidatures jusque dans les petites villes. Il réunit d’ailleurs chaque mois à l’Elysée les cadres LREM et la commission d’investiture, avec ses conseillers politiques, pour discuter des personnalités à choisir et des alliances locales.
Il s’est aussi efforcé de rétablir de bonnes relations avec les maires, très hostiles au début du quinquennat à ce président « vertical » qui avait fait supprimer abruptement la taxe d’habitation.
Pour les amadouer, le chef de l’Etat est revenu en 2019 devant le Congrès des maires de France et fait passer un texte qui améliore le statut des élus.
Mais conscient des faiblesses de son jeune parti, il se projette déjà vers les sénatoriales, les départementales et surtout les régionales qui, pour lui, donneront le ton de la présidentielle. C’est là que peuvent émerger des adversaires potentiels, comme Xavier Bertrand, président des Hauts-de-France, ou Valérie Pécresse, présidente d’Ile-de-France.
« Il est logique qu’il mise davantage sur les régionales, qui sont des élections beaucoup plus politiques, avec seulement 13 présidents de région », note Franck Louvrier.
« Pour lui, c’est un arc électoral de trois élections. Il scrute les régions une par une pour trouver la bonne équation », explique un conseiller.
L’Elysée s’inquiète pourtant des résultats des grandes villes, les plus clairement interprétables au niveau national. Mais à Paris, Lyon, Marseille, Lille ou Bordeaux, LREM est en difficulté, alors que des proches d’Emmanuel Macron sont en lice: Benjamin Griveaux à Paris, Thomas Cazenave à Bordeaux, Gérard Collomb pour la métropole de Lyon.
Ce qui ne peut que conforter le choix du président de ne pas paraître s’en mêler.