Le commandant de la branche aérospatiale des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de l’Iran, a endossé samedi la « responsabilité totale » de la catastrophe de l’avion de ligne ukrainien abattu mercredi après son décollage de Téhéran, par un missile iranien tiré « par erreur ».

Le drame a fait 176 morts. Les victimes sont essentiellement des Iraniens et des Canadiens, mais également des Afghans, des Britanniques, des Suédois et des Ukrainiens.

Voici les principaux points de la déclaration de plus de 10 minutes du général de brigade Amirali Hajizadeh, diffusée par la télévision d’Etat.

« J’ai appris (la nouvelle du drame) alors que j’étais dans l’ouest du pays, après que l’Iran a tiré des missiles contre des bases », indique le général de brigade en allusion aux bases utilisées par l’armée américaine en Irak. Les tirs iraniens étaient en représailles à l’élimination le 3 janvier du général iranien Qassem Soleimani, tué dans un raid américain à Bagdad.

« J’endosse la responsabilité totale (de cette catastrophe) et je me plierai à toute décision qui sera prise. »

« J’aurais préféré mourir plutôt que d’assister à un tel accident. »

« La nuit de l’accident (…) l’état d’alerte était au niveau guerre. Cette nuit-là, nous étions prêts pour un conflit total », à cause des menaces américaines, dit-il.

A ce moment-là, « je considère (la guerre) probable (…) en raison de la présence de nombreux avions dans le ciel (du Moyen-Orient), des avions de guerre et quelques bombardiers » envoyés en renfort.

« C’est la conséquence de la malfaisance de l’Amérique, des tensions qu’elle crée dans la région et de ses actions. »

– « Missiles de croisière » –

« A plusieurs moments, le système (de défense) rapporte que des missiles de croisière ont été tirés en direction du pays et à une ou deux occasions, il est répété que ces missiles sont en route: soyez prêts! »

« Les systèmes (de défense) sont en état d’alerte maximale. Il n’y a qu’à appuyer sur le bouton. »

« Etant donné les informations qui lui ont été données sur le fait que c’est une situation de guerre et que des missiles de croisière ont été tirés, l’opérateur (du système de missile ayant abattu l’avion) identifie (l’avion) comme un missile de croisière. »

« Il était obligé de contacter (un échelon supérieur) et d’obtenir vérification (de la cible). »

« Là, il y a eu une erreur de l’opérateur. Mais son système de communication a apparemment été perturbé. Il y a peut-être eu un brouillage du système, ou le réseau était occupé. Quoi qu’il en soit, la conséquence est qu’il n’a pu contacter personne ».

« Il avait dix secondes pour décider. Il pouvait décider de tirer ou de ne pas tirer. Malheureusement, étant donné les circonstances, il a pris la mauvaise décision: le missile est tiré et l’avion est touché. »

« C’était un missile de courte portée qui a explosé près de l’avion. C’est ce qui explique que l’avion a pu » continuer de voler.

« L’un de nos (hommes) a commis une erreur et comme il est sous notre commandement (…) la responsabilité doit nous incomber. Nous sommes attristés (…) nous sommes désolés. »

« Malheureusement, à cause d’une décision prise à la hâte par une personne, cette grande catastrophe a eu lieu. »

Revenant sur le démenti formel apporté vendredi par l’Organisation de l’aviation civile iranienne à la thèse du tir de missile, le général Hajizadeh affirme que celle-ci a « agi en fonction de la connaissance » qu’elle avait de la situation. « Ils n’étaient pas au courant » jusqu’à ce que l’état-major des forces armées reconnaisse une erreur humaine samedi.

Sur ce point, le général laisse entendre que l’état-major a commencé à soupçonner une erreur des forces armées dès mercredi et a formé en conséquence une commission d’enquête.

« La raison pour laquelle il a fallu attendre plusieurs jours pour que cela soit annoncé n’est pas que certains voulaient cacher la vérité » mais que la « procédure » en pareille situation est que « nous ne sommes pas autorisés à dire quoi que ce soit à qui que ce soit ».

L’enquête est menée rapidement, dit le général, et « vendredi, presque toutes les informations sont rassemblées et la nature de l’accident apparaît alors clairement ».

« Nos collègues de l’aviation civile (…) n’ont commis aucune faute. Nous sommes les seuls fautifs. »

Pourquoi les vols commerciaux n’ont pas été annulés cette nuit là ? La question a été posée au général par la télévision.

« Je ne veux accuser personne », a-t-il répondu. « Naturellement cette question fera l’objet d’une enquête (…). »

« De mon point de vue, quand la situation tourne à la guerre », la décision d’annuler le trafic aérien civil doit être prise « par les autorités compétentes, mais (…) cela n’a pas eu lieu. »

« L’organisation de l’aviation civile n’est pas fautive. On ne leur a pas demandé » d’annuler les vols.

« C’est une erreur et un problème des forces armées » seules.

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