Le président turc Recep Tayyip Erdogan a rencontré samedi à Istanbul le président du Conseil européen, Charles Michel, pour discuter des derniers développements dans la région ainsi que des relations bilatérales.
Les relations entre la Turquie et l’Union européenne (UE) sont dans l’impasse en raison d’une série de problèmes, au premier rang desquels l’envoi de troupes turques en Libye et les activités de forage en Méditerranée orientale.
Auparavant, M. Erdogan a annoncé que son pays avait « progressivement » commencé à envoyer ses troupes en Libye conformément à l’accord conclu entre Ankara et le gouvernement d’union nationale reconnu par l’ONU.
Rejetant la décision de la Turquie sur le déploiement de troupes turques, de hauts diplomates de l’UE et les chefs des diplomaties britannique, française, allemande et italienne ont déclaré mardi lors d’une réunion à Bruxelles que « l’ingérence extérieure récurrente alimente la crise » dans le pays.
Pendant ce temps, à la suite d’une réunion à Istanbul mercredi, M. Erdogan et son homologue russe Vladimir Poutine ont appelé toutes les parties présentes en Libye à instaurer un cessez-le-feu immédiat, qui a été ultérieurement refusé par l’armée libyenne basée dans l’est du pays et dirigée par le commandant Khalifa Haftar.
Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu a déclaré samedi qu’Ankara espérait que Moscou convaincrait M. Haftar de se conformer à l’appel au cessez-le-feu lancé par MM. Erdogan et Poutine.
La Libye est en proie à une guerre civile qui fait rage entre le gouvernement d’union nationale établi dans la capitale Tripoli et l’armée nationale libyenne et ses alliés basés dans l’est du pays.
Lors d’une conférence de presse conjointe à Istanbul avec la ministre ghanéenne des Affaires étrangères et de l’intégration régionale, Shirley Ayorkor Botchwey, M. Cavusoglu a également accusé certains pays de la région et la France de s’opposer à un cessez-le-feu.
M. Cavusoglu a accusé la France d’avoir provoqué le chaos en Libye, en apportant « toutes sortes de soutien à une administration non légitime, y compris des armes ».
« La France cherche par tous les moyens à saboter toute initiative dont elle ne fait pas partie », a-t-il dit.
L’accord de la Turquie avec la Libye devrait en outre protéger les droits de la Turquie face aux activités de forage exercées unilatéralement par la Grèce et par Chypre en Méditerranée, une démarche soutenue par l’UE puisque le gaz qui sera extrait de la région sera envoyé en Europe.
La Turquie, quant à elle, a insisté sur le fait qu’elle « a le droit de parler de tout projet dans la région » car elle possède le plus long littoral de la Méditerranée.