Le procureur de la République de Grenoble a demandé lundi au parquet national antiterroriste de se saisir des dossiers des attaques revendiquées par «l’ultra-gauche libertaire», après un incendie criminel visant des véhicules d’Enedis qui porte à une quinzaine ce type d’actes dans la région depuis trois ans, rapporte l’AFP.
Des séries de destruction à Grenoble revendiquées par «l’ultra-gauche» ont poussé le procureur de la République à contacter le parquet antiterroriste.
«L’ensemble de ces destructions concernant aussi bien des sociétés que des biens publics, revendiquées par l’ultra-gauche libertaire, peuvent être considéré comme des attentats terroristes», a déclaré Eric Vaillant lors d’une conférence de presse.
«Nous soumettons chaque fois les dossiers au parquet national», a révélé le magistrat. «Pour l’instant, il ne l’a jamais fait [se saisir, ndlr] et nous espérons que, cette fois-ci, il le fera», a souligné M. Vaillant, qui a pris ses fonctions actuelles il y a un an.
Selon son analyse, «il y a une augmentation permanente du nombre de faits attribués à cette mouvance. Il y a un mouvement national et il y a beaucoup de faits sur le ressort de Grenoble: cela justifierait cette qualification terroriste».
Rappelant que les délits commis sont passibles de 10 d’emprisonnement, M. Vaillant a souligné que, jusqu’à présent, «on a échappé de peu à des conséquences sur des vies humaines».
Près d’une quinzaine de dégradations ou d’incendies ont eu lieu dans l’agglomération grenobloise depuis le printemps 2017, dont des incendies de casernes de gendarmerie, de la salle du conseil municipal de Grenoble ou d’une église du centre-ville, ainsi que des locaux de France Bleu Isère, sans que des suspects soient appréhendés.
«Ce sont des enquêtes difficiles. Les auteurs des faits sont particulièrement prudents et vigilants (…) Nous avons à faire à un groupe très organisé», a affirmé M. Vaillant.
Mais cette fois-ci, «les incendiaires ont laissé des éléments qui permettent des investigations techniques», a ajouté le magistrat.
Enedis, visé pour la seconde fois après une attaque sur des véhicules à Grenoble en mai 2017, dispose aussi de moyens de vidéo-surveillance.
C’est un hangar abritant des véhicules d’intervention et de maintenance, dont des camions grues et à nacelle ayant œuvré au rétablissement du courant après les tempêtes de l’hiver, qui a été visé à Seyssinet-Pariset, commune limitrophe de Grenoble.
Le préjudice pour les seuls véhicules est estimé à deux millions d’euros, selon la direction régionale Alpes d’Enedis, sans compter le hangar et les groupes électrogènes.
L’enquête a été confiée en co-saisine à la compagnie de gendarmerie de Grenoble et à la section de recherche, dont des garages avaient été incendiés à l’intérieur de sa caserne, en septembre 2017.
Une revendication explicite et considérée comme «crédible» par les autorités a été rapidement mise en ligne sur le site alternatif Indymedia, où sont décrites les raisons de s’attaquer à «une entreprise qui propage l’électricité et le désastre».
Les auteurs, qui se qualifient de «disjonctés tenant tête», dénoncent la «vague de perquisitions qui a déferlé fin novembre à Grenoble, Fontaine et sur la ZAD de Roybon», dans une forêt iséroise où le groupe Center Parcs voudrait implanter un parc aquatique.
Elle visait des lieux alternatifs et était conduite sous l’autorité de M. Vaillant, nommément visé en termes peu amènes dans le texte. Les auteurs avancent aussi leur souhait «que les attaques continuent à se propager».
Outre les attaques déjà mentionnées, le centre de culture scientifique «La Casemate» a été visé, tout comme le siège des Républicains, des voitures du centre communal d’action sociale, des locaux et matériels du groupe de BTP Eiffage et de la société des transports en commun (TAG) ou encore des antennes relais TDF.