Emmanuel Macron a demandé mardi au gouvernement «des propositions claires pour améliorer la déontologie» des forces de l’ordre, confrontées à de nouvelles accusations de violence, relate l’AFP.
Les vidéos de ces derniers jours montrant des policiers frappant des manifestants ou leur tirant dessus au LBD à bout portant ont fini par faire réagit le Président de la République.
«Des comportements qui ne sont pas acceptables ont été ou vus ou pointés», a-t-il déclaré, tout en déplorant également «la violence et le nihilisme politique» qu’expriment selon lui certains manifestants.
Sans «généraliser» ces comportements, le chef de l’État ne veut pas que «cela atteigne la crédibilité et la dignité» des «professionnels des forces de sécurité intérieure» et «pour cela il ne faut avoir aucune complaisance».
«Je souhaite que le ministère de l’Intérieur puisse me faire, dans les meilleurs délais, des propositions claires pour améliorer la déontologie, les éléments de contrôle», a-t-il expliqué, souhaitant aussi «que la justice puisse continuer à travailler sur ces cas».
«En aucun cas, je ne veux que ce sujet vienne cacher la violence profonde qui existe dans notre société et dont les forces de sécurité intérieure sont les premières victimes», a mis en garde Emmanuel Macron.
Face à de nouvelles accusations de violences policières, le gouvernement a infléchi depuis quelques jours sa rhétorique en appelant les forces de l’ordre à «l’exemplarité» avec un «usage juste et proportionné de la force».
Deux jours après avoir déjà rappelé les forces de l’ordre à leur professionnalisme et à leur déontologie, Christophe Castaner a enfoncé lundi le clou en consacrant une bonne partie de ses vœux à la Police nationale au devoir «d’exemplarité» et à «l’éthique», au cours d’une visite à l’école nationale supérieure des officiers de police (Ensop) de Cannes-Ecluse (Seine-et-Marne).
Les images du croche-pied, comme d’autres captées lors des récentes manifestations contre la réforme des retraites, ont pour certaines donné lieu à l’ouverture d’enquêtes judiciaires. Et provoqué une nouvelle vague d’accusations contre les violences policières, un terme réfuté depuis plus d’un an par l’exécutif et le début de la contestation des «gilets jaunes».
En ce début d’année, elles s’ajoutent à la mort d’un père de famille de 42 ans travaillviant comme livreur, le 3 janvier, victime d’une asphyxie avec une fracture du larynx, aux abords de la Tour Eiffel après avoir été plaqué au sol, casque sur la tête, par plusieurs policiers lors d’un contrôle routier houleux. Sa famille a été reçue mardi par le ministre.
Le journaliste David Dufresne, qui a lancé sur Twitter un suivi des violences policières intitulé Allo Place Beauvau, a recensé les victimes pendant toutes les manifestations. Il faisait état en octobre 2019 de 696 blessures, dont 315 à la tête, 18 à la main, 28 au dos, 75 aux membres supérieurs et 131 aux membres inférieurs, 4 aux parties génitales et 125 non renseignées.
Il dénombrait également cinq mains arrachées et 24 manifestants éborgnés. En outre, il fait état de 164 intimidations, insultes, entraves à la liberté de la presse.