Tant que nous maintenons le principe « un pays, deux systèmes », nous aurons suffisamment de raisons de croire qu’il ne changera pas après 2047 et qu’il continuera de se développer de façon constante pendant longtemps à l’avenir. »
Intervenant, ce jeudi, pour la première fois depuis des mois, devant le conseil législatif de Hong Kong, la cheffe de l’exécutif Carrie Lam a évoqué sans ambages l’avenir de l’île.
Lors de sa rétrocession à la Chine, en 1997, l’ancienne colonie britannique avait obtenu le droit de conserver son système politique (le multipartisme), ses lois (la common law), sa monnaie, (le dollar de Hong Kong), son Code de la route, ses équipes sportives, etc. Selon le traité de rétrocession, signé le 19 décembre 1984 entre la République populaire de Chine et le Royaume Uni, Hong Kong est censé conserver cette autonomie au moins jusqu’en 2047.
Depuis sept mois, des militants pro-démocratie manifestent contre le recul des libertés et l’ingérence de plus en plus forte de Pékin dans les affaires de l’île, qui bénéficie du statut officiel de région administrative spéciale (comme Macao, rétrocédée en 1999 par le Portugal). Les forces anti-émeutes n’ont pas hésité à tirer à balles réelles à plusieurs reprises.
Sur la sellette, Carrie Lam a failli jeter l’éponge en septembre. En tant que cheffe de l’exécutif, avoir créé un tel chaos est impardonnable […] Si j’ai le choix, la première chose est de démissionner, en ayant présenté de profondes excuses »,
avait-elle déclaré lors d’une rencontre privée avec des chefs d’entreprise. L’enregistrement a été rendu public par l’agence Reuters.
Tancée mais confortée par le président chinois Xi Jinping, Carrie Lam a contre-attaqué, jeudi 16 janvier, sur le mode : plutôt que de manifester, la jeunesse hongkongaise serait plus avisée de tout faire pour consolider le régime « un pays, deux systèmes », qualifié de « trésor »,
plutôt que de l’endommager », au risque, a-t-elle sous-entendu, d’inciter Pékin à ne pas prolonger le statu quo au-delà de 2047.
Une déclaration vécue comme une provocation par plusieurs députés pro-démocratie, qui ont brandi des caricatures de Lam en vampire, avant d’être expulsés.