En annonçant officiellement sa candidature aux municipales à Paris, Anne Hidalgo a aussi dévoilé son affiche de campagne.
Elle apparaît, sourire aux lèvres, sur un fond vert et un message « Anne Hidalgo Paris en commun », aux lettres imbriquées les unes aux autres. Certains clins d’oeil évidents, d’autres cryptiques. Florent Guerlain, directeur de création chez Datagif, et Elodie Mielczareck, sémiologue décryptent l’affiche de la candidate et celles de deux de ses rivaux, Benjamin Griveaux et Cédric Villani.
L’une des premières choses qui frappe en regardant l’affiche d’Anne Hidalgo, ce sont ses couleurs dans les nuances de vert, renvoi évident à l’écologie. « Pour la gauche, le rose et le rouge traditionnels ont été remplacés par le vert », note d’abord Elodie Mielczareck.
L’autre chose qui peut surprendre, c’est que le slogan de la campagne « Paris en commun » prend la même place, dans la même police d’écriture et les mêmes couleurs, que le nom d’Anne Hidalgo. D’après les experts interrogés, l’équipe de campagne a fait le pari que la candidate était suffisamment connue et identifiée. Elle a préféré mettre en avant une idée de solidarité et de lien. Malgré tout, le manque de lisibilité peut être handicapant.
« Les lettres sont enchevêtrées les unes avec les autres. Cela donne une impression de densité et rend le slogan assez peu lisible », déplore Florent Guerlain. « On parle souvent d’accessibilité, et malheureusement, ici, je trouve c’est assez peu accessible. »
Dernier constat de Florent Guerlain, l’affiche d’Anne Hidalgo pour cette nouvelle campagne prend le contre-pied de celle qu’elle avait choisi en 2014. « Je suis assez surpris. J’avais un souvenir de la campagne précédente avec des visuels très originaux, que ce soit par la police d’écriture, les couleurs… Là, cette affiche est finalement assez basique ».
Point commun entre l’affiche d’Anne Hidalgo et celle de Cédric Villani, une même nuance de vert: « on retrouve le même vert, mais aussi du bleu, couleur renvoyée traditionnellement à la droite. Cédric Villani veut donc bien se situer au milieu », expliquent les deux spécialistes.
Récemment, les soutiens au candidat dissident à LaREM auront par ailleurs remarqué un changement sur l’affiche du candidat. Son slogan est devenu de « Vivons Paris » à « Imaginons le nouveau Paris ». « Changer d’identité en pleine campagne est clairement le signe qu’il y avait un problème. Le premier logo était complètement illisible », admet Florent Guerlain.
Le candidat a donc opté pour une toute nouvelle identité visuelle. « Nous sommes passés de quelque chose de très rigide, avec des angles très pointus. Cela raconte assez mal le candidat: les gens n’ont pas l’image de lui comme quelqu’un de rigide, et c’est pourtant ce que traduit cette identité », explique le directeur de création.
« Ces changements d’identité montrent que les choses ne sont pas gravées dans le marbre », nuance Elodie Mielczareck. « Cédric Villani a construit l’image de lui comme d’une personnalité mouvante. Il y a une sorte d’inattendu: on sait pas ce qu’il va dire ou faire. Au début, il était associé à la dissidence. Progressivement il devient la singularité assumée. Il ne veut pas être une personnalité politique comme les autres. »
Benjamin Griveaux quant à lui a pris la décision d’assumer totalement d’être le candidat LaREM, face à un Cédric Villani dissident. « Il applique entièrement la charte graphique En Marche et met vraiment le mouvement en avant. Il utilise du bleu, couleur en Marche », note Florent Guerlain déplorant ainsi que « peu d’idées soient explicitées ».
Elodie Mielczareck note quant à elle des contresens dans le discours du candidat. « Son slogan c’est « Paris ensemble ». On imagine donc du lien social. Pourtant Benjamin Griveaux adopte une posture technocrate. Il se revendique d’une filiation: il évoque Michel Rocard, Dominique Strauss Khan. Cela ne va pas avec le « Paris ensemble. »