Le Conseil supérieur de la fonction militaire a analysé le projet de réforme des retraites. Bien que certaines anciennes règles resteront en application, plusieurs points du nouveau système n’ont pas convaincu. C’est donc un avis défavorable qui a été remis au ministère des Armées, un document que s’est procuré Le Parisien.
Les militaires viennent de rejoindre les rangs des opposants à la réforme des retraites, selon un document de trois pages, daté du 15 janvier, remis au ministère des Armées. Le Parisien y a eu accès et a rapporté les raisons qui ont poussé la grande muette à ne pas émettre d’avis favorable au projet.
Pourtant, Emmanuel Macron et Édouard Philippe se voulaient rassurants en décembre auprès des militaires, affirmant qu’ils conserveraient certains avantages liés à leur fonction dite «régalienne», dont la possibilité de prendre sa retraite après une carrière de 17 à 27 années selon les rangs. Des déclarations qui avaient provoqué la colère de la police nationale, réclamant d’être mise sur un même pied d’égalité que les militaires et gendarmes.
Sauf qu’après analyse, les membres du Conseil supérieur affirment que «certaines dispositions fragilisent notre modèle d’armée et la condition militaire». En effet, les militaires seraient aussi soumis à un bonus ou malus sur leur pension selon l’âge de départ. «Le calcul des décotes qui peut se traduire par des abattements de l’ordre de 20 % […], des décotes dissuasives pouvant aller au-delà de 60%», ont-ils signalé.
Selon le Conseil, ce système «participerait au vieillissement de la population militaire» qui serait, comme les autres catégories de métiers, poussée à travailler plus longtemps. Ce qui va à l’encontre de «l’objectif poursuivi par le projet de loi et l’impératif de jeunesse imposé par la loi à nos armées», indique le rapport.
Le Conseil supérieur de la fonction militaire a également critiqué la règle qui prévoit de calculer le montant de la pension par rapport à l’ensemble de la carrière, alors que le système actuel ne calcule que les six derniers mois. «Cela engendrera inexorablement une baisse des pensions pour certains militaires n’étant pas ou peu primés», s’inquiète-t-il, rappelant que certaines catégories, comme les engagés volontaires et les jeunes sous-officiers, ne voient leur rémunération évoluer qu’en fin de carrière.
Enfin, les hauts gradés déplorent «l’absence d’un outil de simulation» qu’ils avaient déjà réclamé, évoquant ainsi une analyse incomplète des conséquences sur les pensions des fonctionnaires de l’armée de terre, la gendarmerie, l’armée de l’air ou la marine. Sur fond d’un mois et demi de grèves massives en France, la réforme des retraites est plus contestée que jamais.