Lors de son entretien avec un média colombien, Mike Pompeo n’a pas caché que les États-Unis avaient l’intention de destituer le Président vénézuélien, Nicolas Maduro. Selon Maria Zakharova, Washington a ainsi ouvertement reconnu avoir le projet de déstabiliser la situation dans un État souverain.
En visite en Colombie, où il a rencontré le chef de l’opposition vénézuélienne Juan Guaido, le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a confirmé l’attachement des États-Unis à leur objectif de changer le pouvoir en place au Venezuela.
«C’est un effort collectif. Ce ne devrait pas être seulement la Colombie et pas seulement les États-Unis. Beaucoup de gens, y compris le peuple du Venezuela, doivent demander à leurs propres dirigeants de rétablir la démocratie. Le but de la mission que nous avons ensemble est de faire en sorte que Maduro s’en aille», a-t-il déclaré à la chaîne colombienne Caracol TV.
Mike Pompeo n’était pas d’accord avec le journaliste de la chaîne qui constatait que la stratégie américaine visant à renverser Nicolas Maduro avait échoué.
«Vous savez, ce que j’entends, c’est que la stratégie fonctionne. Je me souviens du secrétaire Baker, l’ancien secrétaire d’État américain. Il me disait qu’avant la chute de l’Union soviétique, personne ne croyait que la stratégie fonctionnait. Et ça a marché», a-t-il ajouté.
Commentant les déclarations du chef de la diplomatie américaine, Maria Zakharova a souligné que Mike Pompeo avait ainsi prouvé que Moscou avait toutes les raisons d’adopter des lois sur les agents étrangers et sur un Internet souverain, tandis que Washington cherchait à persuader tout le monde du caractère pacifique de ses projets et de son droit d’«exporter la liberté».
«Voilà, chers amis, le droit international comme le comprend Washington. Nous avons entendu le secrétaire d’État américain reconnaître la campagne de son pays pour déstabiliser les États souverains».
Selon la diplomate, les propos de Pompeo prouvent que les États-Unis n’ont jamais abandonné leur «tactique d’intervention dans les affaires intérieures des États indépendants et leur politique de changement de régimes».
«Que cela se fasse en utilisant le soft power [la puissance douce, ndlr], des provocations ou un coup d’État, cela est décidé compte tenu de la situation. Mais depuis des dizaines d’années, les mots « démocratie » ou « régime démocratique » ne servent aux États-Unis que d’instruments pour créer au sein de ces États la politique intérieure dont Washington a besoin», a-t-elle précisé.
Le 23 janvier 2019, sur fond de manifestations contre la réélection du Président Nicolas Maduro, le chef de l’Assemblée nationale contrôlée par l’opposition, Juan Guaido, s’est unilatéralement proclamé Président par intérim.
Plusieurs pays, avant tout les États-Unis, l’ont reconnu comme tel. Mais certains autres, comme la Russie, la Chine et la Turquie, ont soutenu Maduro en tant que Président légitime.
Le 5 janvier 2020, les députés de l’Assemblée nationale du Venezuela ont voté en faveur de la nomination d’une nouvelle direction et ont élu Luis Parra pour remplacer Juan Guaido, qui –comme ses partisans- n’a pas participé à la séance, non plus qu’au vote.
Selon Guaido, il en a été empêché par la Garde nationale bolivarienne. Quelques heures après, il a tenu une réunion au siège du journal privé El Nacional où il a été réélu à la présidence de l’Assemblé nationale par cent députés d’opposition.
Le ministère russe des Affaires étrangères considère l’élection du nouveau président du parlement vénézuélien, Luis Parra, comme le résultat d’une procédure démocratique légitime qui fait revenir la situation au Venezuela dans le cadre constitutionnel.