Entendu par la Brigade criminelle, le militaire Chokri Wakrim, un ancien proche d’Alexandre Benalla, a raconté avoir vu deux membres de la présidence en présence des deux coffres mystérieusement disparus dans ce dossier, révèle Mediapart.
Un des protagonistes de l’affaire Benalla, le militaire Chokri Wakrim, a mis en cause des membres de l’Élysée dans la disparition de deux coffres-forts de l’ex-chargé de mission de l’Élysée, selon des sources proches du dossier qui confirment une information de Mediapart.
Entendu mardi 21 janvier par la Brigade criminelle, M. Wakrim a raconté avoir vu deux membres de la présidence en présence du premier coffre dans l’appartement parisien de Pascale Perez, une femme d’affaires ayant apporté son aide à Alexandre Benalla, a précisé une des sources proches du dossier.
Il s’agirait, selon le témoin, de Christian Guédon, membre du Groupe de sécurité de la présidence de la République (GSPR), et d’un conseiller du chef d’état-major particulier d’Emmanuel Macron, Ludovic Chaker, par ailleurs ex-secrétaire général d’En Marche.Ce coffre, qu’Alexandre Benalla utilisait pour ranger ses armes, n’était plus chez lui lors de la perquisition de juillet 2018 au démarrage de l’affaire. Resté introuvable, il est au cœur de l’un des volets de la tentaculaire affaire qui porte son nom.
Depuis février 2019, les enquêteurs cherchent à déterminer s’il y a eu dissimulations de preuves de la part de l’ex-chargé de mission. Cette armoire-forte «a dû être emmenée dans un lieu sûr par une personne mais ce n’est pas moi qui me suis occupé de cela», leur avait répondu Alexandre Benalla à l’été 2018.
Sur Twitter mercredi, il a dénoncé l’article de Mediapart, qualifié de «copier-coller d’un PV de Chokri Wakrim, sans vérifier ne serait-ce qu’une parole de ce que ce Monsieur invente…»
«La vérité, c’est qu’il y a quatre coffres», a-t-il ironisé.
Auditionné en juillet, Ludovic Chaker a reconnu avoir participé à l’exfiltration de la famille Benalla, dont le domicile était encerclé par les médias. Mais il «conteste fermement depuis le début avoir déplacé ce coffre», selon son entourage.
Lors de son audition, qui a duré plus de neuf heures, Chokri Wakrim a également indiqué avoir été témoin d’une conversation pendant laquelle Alexandre Benalla aurait demandé à Christian Guédon de vider un second coffre-fort, dans son bureau de l’Élysée.D’après Chokri Wakrim, le contenu de ce coffre, vidé juste avant la perquisition du 25 juillet 2018, aurait été emporté dans un sac de sport, qu’il précise avoir vu au domicile de Pascale Perez.
Mi-novembre, ce sous-officier de l’armée de l’air avait écrit au procureur de Paris pour demander son audition, évoquant déjà «l’existence d’un deuxième coffre (…) à l’Élysée». L’enquête venait alors tout juste d’être confiée à une juge d’instruction.
Accusé début 2019 dans un article de Libération d’avoir déplacé le premier coffre-fort, Chokri Wakrim a toujours démenti tout rôle dans cette disparition, indique l’AFP.