Témoignages de Français présents en Chine sur l’épidémie en cours

Des ressortissants français ont décrit comment Wuhan, métropole chinoise de 11 millions d’habitants, était devenue une ville fantôme depuis sa mise en quarantaine liée à l’apparition de l’épidémie de coronavirus.

Depuis jeudi 23 janvier, la ville de Wuhan a été mise en quarantaine par les autorités: les gares, routes et aéroports ont été fermés. Les habitants, quant à eux, se retrouvent confinés chez eux pour éviter tout risque de contamination. En cette période de Nouvel an chinois, Wuhan est étrangement silencieuse et vide, comme en témoignent les quelques expatriés Français bloqués là-bas.

Amélie y est étudiante depuis quatre ans. «J’ai fait les courses hier, les gens se sont rués dans les supermarchés pour faire des provisions. Il n’y avait plus de viande et quasiment plus de légumes», a-t-elle témoigné auprès du Parisien. Elle a ainsi préféré les pâtes et le riz pour tenir durant la mise en quarantaine.

Même constat pour Béatrice, qui va devoir puiser dans ses réserves pendant deux ou trois jours à cause des rayons vides des magasins, dans une «atmosphère de fin du monde». Il y a trois ans et demi, son mari Jacky est devenu le directeur d’une entreprise du secteur automobile située à Wuhan. Ils devaient s’envoler pour le Vietnam et y passer leurs vacances de Nouvel an chinois, mais ils ont dû y renoncer à la suite de l’annulation de leur vol, a rapporté le journal La Nouvelle République.

Selon le couple originaire de Fondettes, près de Tours, des avions doivent encore survoler la métropole pour la désinfecter. Ils ont rassuré leurs proches en France et ont confirmé qu’ils suivaient les instructions pour éviter au maximum le contact avec d’autres personnes. «On est juste embêté de devoir rester enfermés», a conclu Béatrice.

Laetitia, bloquée avec sa famille, travaille en Chine depuis cinq ans, également dans le secteur de l’automobile. Bien qu’ayant fait le plein de nourriture et d’eau pour deux semaines, elle craint que la situation ne s’éternise. «Je dirais que la seule information qui nous manque c’est combien de temps ça va durer», a-t-elle indiqué au Parisien.

Moins tranquille, une Européenne a affirmé au journal La Croix se sentir «angoissée et prisonnière».

«Je me sens prise au piège, un peu comme au Moyen Âge au temps des grandes pestes», a-t-elle affirmé. «Nous sommes en état de siège. C’est angoissant car on ne sait pas quelles seront les prochaines étapes, comme si nous étions dans un film de science-fiction dont on ne connaît pas l’épilogue».

Certains ont eu plus de chance, comme Frédéric et Stéphanie, qui ont quitté la mégalopole chinoise 15 jours avant la quarantaine. «La période est particulière car nous démarrons les congés du Nouvel an chinois. Certains ont réussi à partir, d’autres non», a souligné Frédéric, cité par Le Parisien. Néanmoins, ils ont encore pour consigne de porter un masque avant que tout risque de contamination ne soit écarté.

Un autre couple, interrogé par France Info, est soulagé d’avoir pu prendre le dernier avion pour Paris, arrivé jeudi 23 janvier, en provenance de Wuhan. «Tous les Français qui sont là-bas avaient envie de quitter Wuhan avant que la ville ne soit fermée». Selon eux, 30 minutes après qu’ils sont entrés dans l’aéroport, l’armée a débarqué et a bloqué les accès à l’aéronef, tous les passagers n’ayant ainsi pas pu monter à bord.

Pour les Français restés bloqués à Wuhan, le centre de crise et de soutien du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, assisté par l’ambassade de France à Pékin, a mis en place un dispositif spécifique et permanent de suivi.

Selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères publié le 24 janvier, le consulat général de France à Wuhan compte mettre en place, en accord avec les autorités locales, un service d’autobus qui permettra aux ressortissants français et leur famille de quitter la ville.