Dix-neuf militaires maliens ont été tués et cinq blessés dimanche dans la matinée, lors d’une attaque de grande ampleur contre un camp de gendarmes dans le centre du pays. Le bilan reste provisoire, selon l’armée malienne.
« Le poste #FAMa [Forces armées maliennes, NDLR] est sous contrôle. Le ratissage en cours. L’avion militaire malien sur zone. Le bilan provisoire est de 19 morts et 5 blessés, du matériel endommagé et ou emporté », ont indiqué les FAMa sur Twitter.
Peu avant, une source militaire malienne avait affirmé que le « nouveau bilan provisoire » de l’attaque contre le camp de Sokolo, proche de la frontière mauritanienne, était « d’au moins 18 gendarmes tués ».
Des responsables maliens ont attribué ce coup de force à des « terroristes », terme avec lequel ils désignent les groupes jihadistes qui sévissent au Mali depuis huit ans, malgré des interventions militaires française, de l’ONU et africaine.
« Les assaillants étaient plus d’une centaine. Ils ont ramassé tous leurs corps. Ils n’ont touché à personne dans le village, c’est pourquoi avant l’arrivée du renfort nous avons secouru les blessés et regroupé les victimes », a déclaré à l’AFP un habitant de Sokolo. « Ils sont arrivés à 5h du matin (GMT et locales). Ils ont coupé la retraite des gendarmes. Les coups de feu ont cessé à 7h du matin. »
« C’est vraiment un chaos », a pour sa part témoigné une source humanitaire locale ayant pu pénétrer dans le camp après le départ des présumés jihadistes.
« Dans le camp, nous avons compté au moins 15 corps de militaires. Tout le matériel militaire a été emporté. On a le sentiment que les assaillants savaient où ils mettaient les pieds », a déclaré cette source à l’AFP.
Des renforts ont été dépêchés sur place de Diabaly, à une dizaine de kilomètres, selon une source militaire malienne.
Une zone sous tension
Le centre du Mali, ainsi que le Burkina et le Niger voisins, ont connu ces derniers mois une succession d’attaques jihadistes meurtrières contre les soldats et les civils, sans que les forces nationales et étrangères présentes dans la région ne parviennent à les enrayer.
Le nombre de victimes des violences a été multiplié par cinq depuis 2016 au Mali, au Burkina et au Niger pour atteindre environ 4 000 morts en 2019 selon l’ONU. Le conflit au Sahel a fait des centaines de milliers de déplacés.
L’état-major français avait indiqué jeudi que la force antijihadiste au Sahel, Barkhane, avait mis « hors de combat » plus d’une trentaine de jihadistes dans le centre du Mali ces deux dernières semaines. Cinq autres ont été tués le 19 janvier dans une frappe de drone non loin de la frontière nigérienne, avait-il ajouté.
Depuis décembre, Barkhane a annoncé la « neutralisation » de dizaines de jihadistes.
Devant la propagation jihadiste, le président français Emmanuel Macron et ses homologues du Sahel réunis en sommet le 13 janvier ont affirmé leur volonté de faire porter l’effort militaire sur la région dite des trois frontières (Mali, Burkina Faso, Niger), y désignant le groupe État islamique au grand Sahara comme l’ennemi prioritaire. La France a envoyé début janvier 220 soldats pour renforcer les 4 500de Barkhane déjà déployés au Sahel. Son chef d’état-major vient d’annoncer l’envoi de « moyens supplémentaires » qui devraient être détaillés d’ici à la fin du mois.