La correspondante de la radio NPR au département d’Etat américain a été exclue de l’avion de Mike Pompeo pour son prochain voyage après un échange musclé entre le chef de la diplomatie des Etats-Unis et une autre journaliste de cette même antenne.
L’Association des correspondants au département d’Etat, qui a rapporté lundi cette décision, a « protesté » contre cette « mesure de rétorsion contre la National Public Radio », qu’elle a jugée « inacceptable ».
La correspondante « a été informée qu’elle ne voyagerait pas. Aucune raison ne lui a été fournie », a confirmé NPR dans un communiqué.
Michele Kelemen, une professionnelle respectée qui couvre la diplomatie américaine depuis près de vingt ans, devait prendre mercredi l’avion du secrétaire d’Etat pour une tournée en Europe et en Asie centrale, mais le département d’Etat lui a signifié qu’elle était finalement exclue de ce voyage.
« Nous demandons respectueusement au département d’Etat de revenir sur sa décision », a écrit le président de l’association Shaun Tandon, par ailleurs correspondant de l’Agence France-Presse, dans un communiqué.
Mike Pompeo a perdu son sang-froid vendredi après avoir été pressé de questions lors d’un entretien par une autre journaliste de NPR, Mary Louise Kelly, sur l’affaire ukrainienne au coeur du procès en destitution de Donald Trump.
Selon le récit de cette journaliste, après l’interview, hors micro, le chef de la diplomatie américaine lui a « crié dessus » durant une dizaine de minutes, proférant des insultes pendant toute la conversation.
Furieux d’avoir été interrogé sur l’affaire ukrainienne alors qu’il s’attendait uniquement à des questions sur l’Iran, a-t-elle rapporté, il lui a lancé: « Vous pensez que les Américains s’intéressent à l’Ukraine? ». Avant de lui demander de montrer où se trouvait ce pays sur une carte du monde sans frontières ni noms.
Et ce alors que Kiev est justement une étape du prochain voyage dont Michele Kelemen a été exclue.
Samedi, Mike Pompeo a dénoncé le « manque d’intégrité » de nombreux journalistes dans un communiqué à la tonalité très agressive à l’encontre des médias, accusant Mary Louise Kelly de lui avoir « menti ». Il affirme notamment qu’elle s’était engagée à ce que leur échange post-interview reste « off the record » et ne puisse donc être utilisé publiquement — ce qu’elle a démenti.
Le secrétaire d’Etat n’a en revanche à aucun moment nié avoir tenu les propos agressifs rapportés par la journaliste.
« Les journalistes qui couvrent le département d’Etat ont pour mission d’informer le public et de demander des comptes à chaque administration en posant des questions sur les sujets du jour », a rappelé Shaun Tandon, jugeant « inacceptable de punir un membre de l’association ».