Après la reprise d’une ville stratégique du nord-ouest syrien par les forces de Damas, Recep Tayyip Erdogan a accusé la Russie de ne pas respecter deux accords conclus avec Ankara sur le gouvernorat d’Idlib. Il a par ailleurs appelé à réfléchir à ce que la Turquie, la Russie et l’Iran pouvaient faire pour les relancer.
Le Président turc a affirmé mercredi 29 janvier que Moscou ne respectait pas les accords de Sotchi et d’Astana conclus avec Ankara au sujet du nord-ouest de la Syrie.
« Il ne reste plus rien du processus d’Astana. Il faut voir ce que la Turquie, la Russie et l’Iran sont en mesure de faire pour le ranimer», a-t-il indiqué dans son vol de retour du Sénégal, où il s’était rendu en visite officielle.
La Turquie et la Russie, qui soutiennent des parties opposées dans le conflit syrien, ont convenu de coopérer afin de faire cesser les hostilités à Idlib et de créer une zone démilitarisée en vertu d’accords de 2017 et 2018 appelés accords d’Astana et de Sotchi.
«Si la Russie continue à respecter les accords de Sotchi et d’Astana, nous ferons de même. À l’heure actuelle, la Russie ne les respecte pas», a poursuivi le Président turc, cité par la chaîne de télévision NTV. Il a ajouté que Moscou «devrait définir sa position». «Soit il mène le processus avec la Syrie dans un autre format, soit il mènera autrement le processus avec la Turquie».
Ces déclarations interviennent suite à la reprise par l’armée syrienne de la ville stratégique de Maarat Al-Nouman, sur la route d’Alep à Hama, après des semaines de combats. Lundi 27 janvier, les militaires syriens ont bloqué de trois côtés un poste d’observation des militaires turcs à Maar Hattat, au sud de Maarat Al-Nouman. Le ministère turc de la Défense a réagi au blocage en menaçant de riposter face aux forces syriennes si la sécurité des postes d’observation turcs était remise en question.
Le processus d’Astana (récemment rebaptisée Nour-Soultan) a abouti à une baisse des tensions en Syrie, mais n’a pas permis d’arriver à une solution politique. Conformément à un accord obtenu en 2017 par la Russie, l’Iran et la Turquie, quatre zones de désescalade ont été mises en place en Syrie. Le territoire de trois d’entre elles est passé en 2018 sous le contrôle de Damas. La quatrième zone qui couvre le gouvernorat d’Idlib et partiellement les gouvernorats voisins de Lattaquié, de Hama et d’Alep reste toujours insoumise à Damas. Une grande partie est occupée par les terroristes du Front al-Nosra*.En septembre 2018, Moscou et Ankara se sont mis d’accord pour établir une zone démilitarisée à Idlib qui abrite plus d’une dizaine de formations armées.
Le dernier round des négociations entre la Russie, l’Iran et la Turquie à Astana a eu lieu les 10 et 11 décembre 2019.
*Organisation terroriste interdite en Russie