Le gouvernement de Tunisie entend rapatrier de Libye, de Syrie et d’Irak les enfants de terroristes de Daech* d’origine tunisienne bien que l’opinion le redoute en raison des idées radicales qui auraient pu les imprégner.
Le gouvernement tunisien a décidé de rapatrier les enfants de terroristes de Daech* d’origine tunisienne, et ce processus a d’ores et déjà commencé le 23 janvier, quand le Croissant Rouge libyen a remis à la Tunisie six orphelins de terroristes de Daech* qui se trouvaient à Misrata, dans l’ouest de la Libye. Un comité gouvernemental spécial a été créé à cette fin, associant des représentants de plusieurs ministères, notamment des Affaires étrangères, de la Justice, pour les Femmes, pour la Famille et l’Enfance, ainsi que pour les Affaires sociales.
Cette décision est extrêmement importante tant pour les petits Tunisiens, otages de la situation, que pour l’avenir de la Tunisie, a indiqué Mustafa Abd Alkabir, président du Centre tunisien de suivi du respect des droits de l’Homme.
«Ces enfants n’ont commis aucun crime. En aucun cas, ils ne doivent répondre des actions de leurs parents. Personne ne choisit ses parents. Il faut sauver d’urgence ces enfants, et c’est justement ce que commence à faire l’État», a-t-il expliqué.
Et d’ajouter que ces petits Tunisiens risquaient de périr en Libye où la situation ne cessait de se détériorer.
Au moins 36 petits Tunisiens restent sur le territoire libyen d’où il est difficile de les rapatrier, mais il n’est pas question de les abandonner, a relevé le responsable.
«Notre Centre coopère avec les autorités tunisiennes à la recherche d’une issue à la situation actuelle. La Tunisie et la Libye ont signé récemment un accord de rapatriement des enfants de terroristes dans leur pays d’origine. C’est dans le cadre de cet accord que nous mettrons au point la procédure de retour de nos enfants en Tunisie», a résumé Mustafa Abd Alkabir.
L’État doit faire preuve d’une responsabilité particulière quant à la santé, surtout la santé psychique, des enfants de retour des camps de radicaux. Cela est nécessaire pour que ces petits Tunisiens puissent s’intégrer dans la société, a déclaré Alfa Aliyaari, directrice du Mouvement pour la réforme des prisons en Tunisie.
«Nous sommes particulièrement préoccupés par le rapatriement d’enfants, accompagnés par leurs mères. Ces femmes avaient adhéré de leur plein gré aux terroristes et […] peuvent par conséquent continuer à inspirer des idées extrémistes à leurs enfants, en plaçant ainsi une sorte de bombe à retardement dans notre société. Nous ne devons aucunement l’admettre. Aussi, faut-il adopter par avance toutes les mesures préventives», a conclu la militante.
*Organisation terroriste interdite en Russie