Un responsable des conservateurs allemands d’Angela Merkel a plaidé pour que l’Union européenne dispose à l’avenir de sa propre force de dissuasion nucléaire, suggérant une mise en commun de l’arsenal atomique français, dans un entretien paru lundi et repris par l’AFP.
L’Allemagne, dont l’opinion est profondément anti-nucléaire et où le sujet reste largement tabou, doit «envisager une coopération avec la France en ce qui concerne les armes nucléaires», a déclaré le vice-président du groupe parlementaire de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), Johann Wadephul dans cette interview au quotidien berlinois Tagesspiegel de lundi.
Le pays «devrait être prêt à participer à la force de dissuasion nucléaire avec ses propres capacités et moyens», poursuit cet élu du mouvement de la chancelière.
En contrepartie, «la France devrait être prête à la placer sous un commandement commun de l’Union européenne ou de l’Otan», a-t-il estimé.
«Le président Emmanuel Macron nous a plus d’une fois appelé à oser plus pour l’Europe. Il pourrait maintenant montrer qu’il est lui aussi prêt à cela. Cela prendra du temps, mais le débat doit commencer maintenant», lance-t-il.
Les replis nationalistes dans le monde ne rendent pas l’Europe «plus sûre», a-t-il argumenté.
L’Allemagne coopère déjà avec les États-Unis. Des avions allemands ont la capacité de transporter des bombes nucléaires américaines, conservées sur le sol allemand.
«La réalité est que nous avons besoin d’une dissuasion nucléaire. C’est dans l’intérêt allemand d’avoir une influence sur la stratégie qui nous protège», a-t-il jugé.
Le chef de l’État français a plaidé l’an passé pour une plus grande autonomie des Européens en matière de défense. Le Royaume-Uni, qui vient de quitter l’UE, dispose aussi d’un arsenal atomique.
L’ONG Greenpeace a réagi avec colère aux suggestions du député. «L’appel de Wadephul pour une dissuasion nucléaire allemande veut dire : rendre de nouveau possible et envisageable un massacre (perpétré) par l’Allemagne», a dénoncé un porte-parole Christoph von Lieven.
Depuis l’holocauste du régime nazi, «la responsabilité historique de l’Allemagne consiste à préserver la paix», a-t-il martelé.