Le président d’un Etat régional allemand, la Thuringe, a été élu, mercredi 5 février, grâce aux voix de l’extrême droite, ce qui a constitué une première depuis l’après-guerre.
Le candidat du parti libéral FDP, Thomas Kemmerich, a été élu par l’assemblée régionale de cet Etat de l’Est de l’Allemagne à une infime majorité grâce aux voix de tous les élus du parti anti-migrants et anti-élites Alternative pour l’Allemagne (AfD), et à celles de la plupart des membres de l’Union démocrate-chrétienne (CDU) de la chancelière Angela Merkel.
Il a devancé d’une voix le ministre-président sortant de Thuringe, Bodo Ramelow, membre du parti de gauche radicale Die Linke qui était, lui, soutenu par les sociaux-démocrates et les Verts.
« C’est la première fois dans l’histoire de la République fédérale d’Allemagne, qu’un ministre-président d’Etat régional est élu avec les voix de l’AfD », a indiqué le politologue allemand Andre Brodocz. Jusqu’ici les partis traditionnels de droite et de centre droit avaient toujours refusé toute coopération ou alliance avec l’extrême droite.
Le parti conservateur allemand d’Angela Merkel a ensuite appelé à de nouvelles élections. « Le mieux pour la Thuringe serait de nouvelles élections », a déclaré le secrétaire général du parti, Paul Ziemiak.
Cette rupture, qualifiée de « tremblement de terre politique » par les médias allemands, est d’autant plus surprenante qu’elle est intervenue dans une région où l’AfD est dirigée par sa frange la plus radicale.
Son héraut en Thuringe est Björn Höcke, chef de file de l’aile dure au sein du parti d’extrême droite. Il s’est singularisé dans le passé notamment en prônant la fin de la culture de repentance de l’Allemagne pour les crimes nazis, pourtant un pilier de la politique allemande d’après-guerre.
La surprise en Thuringe est aussi le résultat de récentes élections régionales sans vainqueur clair sur place et marquées par une poussée de l’AfD. Le ministre-président sortant comptait se faire réélire à la tête d’un gouvernement minoritaire de gauche, pensant que les partis de la droite traditionnelle n’accepteraient jamais de s’allier à l’extrême droite.