Le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez, qui a rencontré jeudi à Barcelone le président régional catalan, a annoncé que les négociations entre Madrid et l’exécutif régional indépendantiste sur la crise en Catalogne commenceraient en février.
« Nous avons décidé de tenir la première réunion de cette commission bilatérale » entre gouvernements central et régional « au cours de ce mois, c’est-à-dire en février », a dit le socialiste, après avoir été reçu avec les honneurs par l’indépendantiste Quim Torra au siège du gouvernement régional à Barcelone.
« Nous devons reprendre notre dialogue », a ajouté M. Sanchez, dont les relations avec M. Torra ont été tendues en octobre lorsque les manifestations avaient dégénéré en violences en Catalogne. « Le bilan de la dernière décennie est lamentable. Personne n’a gagné. Tout le monde a perdu », a-t-il poursuivi.
Ces négociations sur la Catalogne, destinées à trouver une solution à la « crise politique » dans cette région du nord-est de l’Espagne, ont été acceptées par M. Sanchez en échange de l’appui à sa reconduction au pouvoir début janvier du parti séparatiste Gauche Républicaine de Catalogne (ERC).
Une consultation des Catalans sur l’éventuel accord issu de ces négociations est prévue.
« Je suis venu parler d’espérance », a encore dit M. Sanchez qui a reconnu que le dialogue « allait être long » et difficile.
Car le socialiste et les séparatistes catalans ont une vision opposée de la solution à apporter à la crise en Catalogne. Les indépendantistes réclament en effet un référendum d’autodétermination dont M. Sanchez ne veut pas entendre parler.
Quim Torra a ainsi réaffirmé à l’issue de la rencontre que l’une des « conditions fondamentales » du dialogue était « l’exercice du droit à l’autodétermination » par la voie d’un référendum accepté par le gouvernement central.
Le début de ces négociations interviendra dans une période délicate en Catalogne où M. Torra a annoncé fin janvier la convocation d’élections anticipées dans les mois à venir, en raison de la crise ouverte entre sa formation et ERC qui gouvernent ensemble la région.
Les tensions entre ces deux formations ont atteint leur point de non-retour lorsqu’ERC a lâché fin janvier Quim Torra qui lui demandait de désobéir à l’ordre de la commission électorale de le priver de son siège de député régional après sa condamnation en décembre à 18 mois d’inéligibilité.
La semaine dernière, le gouvernement central avait repoussé ces négociations après le scrutin régional, avant de faire machine arrière quelques heures plus tard, en maintenant ce dialogue avant les élections.
La stratégie de détente de M. Sanchez en Catalogne suscite la fureur de la droite et de l’extrême droite espagnoles qui accusent le socialiste d’être l' »otage » des séparatistes depuis son arrivée au pouvoir il y a un an et demi.
« Ce que nous voyons à Barcelone, c’est un chef de gouvernement qui va faire des révérences (…) alors qu’il est reçu comme un visiteur étranger », a fustigé le chef du Parti Populaire (PP, droite), Pablo Casado.
La Catalogne a vécu une grave crise en octobre 2017 quand les séparatistes ont organisé un référendum d’autodétermination malgré son interdiction par la justice et déclaré unilatéralement l’indépendance de la région.
Le gouvernement espagnol, dirigé alors par le conservateur Mariano Rajoy, avait réagi en destituant le gouvernement régional de Carles Puigdemont et en suspendant l’autonomie de la région.
Neuf indépendantistes ont été condamnés pour leur rôle dans cette tentative de sécession à de lourdes peines de prison en octobre, ce qui avait entraîné de nombreuses manifestations parfois violentes dans la région.
Quim Torra a également réaffirmé jeudi que « l’amnistie » de ces condamnés faisait selon lui partie des conditions indispensables du dialogue.