La ministre de la Justice Nicole Belloubet regrette samedi dans une tribune au Monde ses propos « inexacts » sur la critique de la religion, qui ont provoqué un tollé et lui ont valu d’être accusée de mal connaître le droit ou de justifier le délit de blasphème.
La polémique était partie de déclarations de la ministre sur l’affaire Mila, du nom de cette adolescente de 16 ans menacée de mort sur les réseaux sociaux après des propos hostiles à l’islam.
« Dans une démocratie, la menace de mort est inacceptable (…). L’insulte à la religion, c’est évidemment une atteinte à la liberté de conscience, c’est grave, mais ça n’a pas à voir avec la menace (de mort, ndlr) », avait déclaré Nicole Belloubet le 29 janvier sur Europe 1.
« J’ai eu une expression qui était non seulement maladroite, ce qui est regrettable, mais surtout inexacte », commente samedi la ministre, dans cette tribune destinée à « reprendre ici la parole de manière plus posée » et à exposer sa vision de la défense de la laïcité en France.
« L’insulte à la religion n’existe heureusement pas dans notre République. Seules sont réprimées les injures faites à autrui en raison de son appartenance à une religion déterminée », souligne Mme Belloubet.
« L’affaire Mila a remis en lumière la question du droit au blasphème. Ce droit existe. Dans notre pays, chacun est libre de blasphémer. C’est l’évidence même », ajoute-t-elle. « La France n’est pas une terre de fatwas », dit-elle aussi, après avoir souligné qu' »en matière de laïcité, il n’y a pas d’accommodements possibles. C’est un bloc. Inaltérable. Non négociable. Vital ».
Peu après ses propos fin janvier, la ministre avait plaidé la maladresse et assuré ne pas remettre en cause « le droit de critiquer la religion ».
Parmi ses détracteurs, le chef de file des députés LR Damien Abad, avait néanmoins jugé que « quand on est garde des Sceaux on n’a pas le droit d’être maladroit avec le droit ».
Concernant les propos contre l’islam de la jeune lycéenne iséroise de 16 ans, Mila, le parquet de Vienne a jugé qu’ils ne constituaient pas une provocation à la haine et a classé sans suite l’enquête. Les enquêteurs poursuivent cependant leurs investigations pour trouver les auteurs de menaces de mort à son encontre.