Au lendemain d’une fouille chez l’éditeur Gallimard, le domicile parisien de Gabriel Matzneff a été perquisitionné, jeudi 13 février, dans le cadre de l’enquête pour «viols sur mineurs» de moins de 15 ans, selon une source judiciaire. La police recherche des passages écrits de l’écrivain afin d’identifier des victimes potentielles.
Le domicile à Paris de Gabriel Matzneff a été perquisitionné ce 13 février dans l’enquête pour «viols sur mineur» de moins de 15 ans qui vise l’écrivain de 83 ans, a appris l’AFP de source judiciaire confirmant une information du Parisien.
Ces investigations ont été menées par les policiers de l’office central de répression des violences aux personnes (OCRVP) au lendemain d’une perquisition chez l’éditeur Gallimard. Les enquêteurs recherchent des passages écrits de l’écrivain ne figurant pas dans ses ouvrages publiés, afin d’identifier des victimes potentielles.
Dans un entretien à l’ex-site Biffures, en 2008, M. Matzneff déclarait avoir «autocensuré» des «passages» de ses écrits qui risquaient d’être «jugés spécialement scandaleux» et les avoir mis «en sécurité dans un coffre de banque».Selon Mediapart, ce coffre-fort a été «localisé» par les enquêteurs.
Les enquêteurs s’étaient déjà rendus en janvier dans les locaux de Gallimard pour y chercher les ouvrages de Gabriel Matzneff.
Selon une source proche du dossier, confirmant une information de Mediapart, les enquêteurs s’intéressent aussi à Christian Giudicelli, son éditeur au sein de Gallimard et compagnon de voyage aux Philippines.
L’enquête du parquet de Paris a été ouverte le 3 janvier, au lendemain de la parution du roman autobiographique Le consentement de Vanessa Springora. Elle y dénonce sa relation sous emprise avec l’écrivain alors qu’elle était mineure, dans les années 80.
Dans le cadre de cette enquête, un appel à témoins a été diffusé mardi 11 février par l’OCRVP. Le procureur de Paris Rémi Heitz a expliqué qu’il s’agissait d’éviter qu’il y ait «des victimes oubliées».
L’éditrice Vanessa Springora a été auditionnée par les policiers le 29 janvier, tout en ne voyant qu’une «portée symbolique» à cela à cause de la prescription des faits.Elle est à ce jour la seule femme à avoir témoigné publiquement parmi les adolescentes séduites par Gabriel Matzneff, dont le comportement, décrit dans ses propres livres, a longtemps été toléré dans le monde littéraire parisien. En 2013, il avait obtenu le prix Renaudot essai.
Celui qui a dit dans une lettre ne pas mériter «l’affreux portrait» publié par Mme Springora a affirmé fin janvier sur BFMTV «regretter» ses pratiques pédophiles passées en Asie, tout en faisant valoir qu’«à l’époque», «jamais personne ne parlait de crime».
C’est pour certaines de ses réactions dans la presse au livre de Mme Springora que M. Matzneff sera jugé le 28 septembre 2021 dans une autre procédure pour «apologie» d’actes pédophiles.
L’écrivain, qui s’est réfugié en Italie depuis le début de l’affaire, a été cité à comparaître par une association de prévention contre la pédophilie, l’Ange Bleu.