En tapant le nom de Dmitriy Riznychenko, on trouve une interview donnée en décembre 2018 au site d’information russe Svoboda.org, qui est une branche russe de Radio Free Europe, un média financé par le Congrès des Etats-Unis et créé par la CIA au début de la guerre froide, pour informer autrement les peuples d’Europe de l’Est. Dans cet entretien, Dmitriy Riznychenko reconnaît avoir combattu durant la révolution de Maidan de 2014 et dans le Donbass dans des groupes nationalistes d’extrême droite. Il admet avoir fait partie du groupe C14, qu’il qualifie lui-même de «néonazi», ainsi que d’avoir participé au saccage d’une exposition de l’artiste anarchiste David Chichkan, en février 2017. L’entretien a cependant comme particularité de se concentrer sur le fait que Dmitriy Riznychenko a tourné le dos à son activisme dans les milieux nationalistes et néonazis ukrainiens après être tombé amoureux de Tatyana Pavlenko, une activiste anarchiste et féministe ukrainienne, qu’il a rencontrée suite au saccage de l’exposition. La métamorphose de Dmitriy Riznychenko, qui assure désormais qu’il défend les droits des homosexuels, des personnes trans, des féministes et des défenseurs des animaux, semble donc dater de l’année 2017.

Le cas Griveaux : fantasmes, hors-sujets et contresens

Interrogée sur les liens entre Pavlenski et Dmitriy Riznychenko, dont elle indique être toujours l’amie, Tamara Shevchuk répond : «Il se peut que Dima [le surnom de Dmitriy Riznychenko, ndlr] et Piotr soient devenus amis en échangeant par messages. Parce que Dima a aidé à l’organisation de cette conférence et de l’after-party.» Concernant l’engagement néonazi de son ami, elle assure que «Dima n’est pas néonazi depuis la bataille d’Ilovaïsk [2014]», tout en reconnaissant qu’«il y avait vraiment beaucoup de néonazis» présents lors de cette lecture. Contactés par CheckNews, ni Dmitriy Riznychenko, ni Piotr Pavlenski n’ont répondu à nos sollicitations.

L’artiste a été placé en garde à vue, ce dimanche, dans le cadre de l’enquête portant sur la diffusion de vidéos à caractère sexuel ayant conduit Benjamin Griveaux à retirer sa candidature à la mairie de Paris. Samedi soir, l’artiste russe avait déjà été placé en garde à vue dans le cadre d’une autre enquête pour des violences le 31 décembre.

La compagne de l’artiste russe, selon l’AFP, avait aussi été placée en garde samedi soir, pour «atteinte à l’intimité de la vie privée» et «diffusion sans l’accord de la personne d’images à caractère sexuel», dans le cadre de l’enquête ouverte samedi à la suite du dépôt d’une plainte contre X de Benjamin Griveaux. Elle est soupçonnée d’être la destinataire des vidéos intimes envoyées par l’ancien candidat LREM à la mairie de Paris.