Un éditorial publié le 18 février dans Marianne a retracé les soupçons d’une possible intervention du pouvoir russe dans l’affaire Griveaux. Or, la seule piste semble la nationalité russe de Piotr Pavlenski, celui qui a revendiqué la diffusion des vidéos intimes ayant provoqué le retrait du candidat LREM à la course à la mairie de Paris.
La question a été discutée sur BFM TV: le Russe Piotr Pavlenski a-t-il été envoyé par le Kremlin? Depuis que l’affaire Griveaux a éclaté, des soupçons sont apparus concernant l’éventuelle implication du pouvoir russe, voire de Vladimir Poutine lui-même, dans le bouleversement des élections municipales à Paris. Un édito publié mardi 18 février dans Marianne a fait le point sur ces accusations.
Dans son article, Jack Dion, directeur adjoint de la rédaction du magazine, cite une phrase du Parisien sur les agissements de l’activiste russe, particulièrement accusatrice: «Cela me rappelle les techniques soviétiques. On employait des jeunes femmes et hommes pour piéger des politiques et avoir des matières compromettantes contre eux». Tels sont les dires de Galia Ackerman, décrite comme une spécialiste de la Russie.
«En quoi le scandale Griveaux aiderait-il en quoi que ce soit la diplomatie russe?», s’interroge l’éditorialiste. Il rappelle, à juste titre, qu’Emmanuel Macron a multiplié les déclarations en faveur d’un rapprochement avec Moscou depuis plusieurs mois. Tout en annonçant pendant la Conférence de Munich sur la sécurité que la Russie «allait continuer à essayer de déstabiliser» les démocraties occidentales».
Ce genre d’accusation émerge particulièrement en période électorale. Ainsi, en 2016, la Russie avait déjà été accusée d’avoir influencé les élections présidentielles américaines. Comme le note également Jack Dion, la campagne de Benjamin Griveaux semblait de toute façon déjà bien mal embarquée pour qu’un quelconque complot russe tente d’influencer les élections.
L’éditorialiste voit dans tout cela «un mauvais feuilleton rédigé par des nostalgiques de la guerre froide», et conclut en se demandant si Stanislas Guerini, porte-parole des députés LREM, n’était pas lui aussi un agent russe.
Pourtant, Piotr Pavlenski était bien connu de la presse française pour avoir été un opposant à Poutine. L’«artiste» s’était cousu les lèvres pour soutenir les Pussy Riot, cloué les testicules sur la place Rouge et tranché un bout d’oreille pour exprimer son opposition face au pouvoir mis en place par le Président russe.
En 2017, accueilli en France, il avait mis le feu à la façade d’une succursale de la Banque de France afin de protester contre le monde de la finance. Il avait quitté la Russie en 2016 après une accusation d’agression sexuelle pour laquelle il risque 10 ans de prison. Le Russe avait alors dénoncé un coup monté. Il paraît ainsi peu crédible qu’il ait si brutalement retourné sa veste pour devenir un «espion» au service de Vladimir Poutine.