La dette de l’Argentine « n’est pas soutenable » et le pays a besoin que les créanciers contribuent à la rendre supportable, a conclu mercredi le Fonds monétaire international (FMI) qui vient d’achever une mission à Buenos Aires.
« Le personnel du FMI estime aujourd’hui que la dette de l’Argentine n’est pas soutenable », indique l’institution internationale dans un communiqué. Elle en appelle à la contribution des détenteurs d’obligations pour « aider à restaurer la soutenabilité de la dette ».
Le FMI estime que l’excédent primaire (hors paiement de la dette) qui serait nécessaire à l’Etat argentin pour faire face à ces obligations et relancer la croissance n’est « ni politiquement, ni économiquement faisable ».
La dette argentine représente plus de 311 milliards de dollars, soit plus de 90 % du PIB.
Deux mois après son entrée en fonction, le président argentin Alberto Fernandez, un péroniste de centre-gauche, avait déclaré qu’en l’état actuel, la dette de son pays n’était pas remboursable. Il a appelé le FMI et les créanciers de son pays à renégocier les délais, le capital et les intérêts de la dette.
Dans un communiqué publié mercredi, le ministère argentin de l’Economie se félicite de la convergence de vues entre le gouvernement et le FMI, ce dernier ayant souligné la récente détérioration de la situation économique. Le ministre de l’Economie Martin Guzman a par ailleurs assuré qu’il continuerait à dialoguer « étroitement » avec le fonds pour trouver une solution à la crise économique et sociale du pays.
« Les autorités argentines s’efforcent de remédier à la situation économique et sociale difficile à laquelle le pays est confronté. Elles ont mis en œuvre un ensemble de politiques pour faire face à l’augmentation de la pauvreté, tout en prenant des mesures pour stabiliser l’économie », a encore indiqué le Fonds, qui estime toutefois que des efforts supplémentaires sont nécessaire pour réduire l’inflation.
Mais la dette et la capacité à rembourser les intérêts « se sont nettement détériorées par rapport à la dernière analyse de viabilité de la dette du FMI en juillet 2019 » qui estimait que la dette était soutenable.
Depuis, le peso s’est déprécié de plus de 40 %, les réserves internationales ont diminué d’environ 20 milliards de dollars et le PIB réel s’est contracté plus que prévu.
L’Argentine avait remboursé la totalité de sa dette envers le FMI en 2006. Mais le gouvernement du libéral Mauricio Macri (2015 – 2019) a contracté en 2018 le plus gros prêt de l’histoire du Fonds pour 57 milliards de dollars, dont 44 milliards ont déjà été versés.
L’Argentine est aux prises avec la pire crise économique depuis 2001. L’économie est en récession depuis près de deux ans, l’inflation dépasse les 53 % et le taux de pauvreté atteint près de 40%. Face à cette situation, Alberto Fernandez a renoncé aux derniers décaissements du FMI.
Il a promis aux Argentins de ne pas rembourser la dette tant que la situation économique ne se serait pas améliorée.
En 2001, l’Argentine avait connu le plus important défaut de paiement de l’histoire et une grave crise économique et sociale qui avait traumatisé les Argentins et les marchés financiers.