La justice viennoise avait jeudi un plaignant peu ordinaire: un membre de la dynastie Rothschild en procès avec la municipalité autrichienne pour récupérer un droit de regard sur une fondation centenaire créée par sa famille puis saisie par les nazis.
« Je ne cherche aucune compensation financière mais je veux que la fondation soit rétablie dans la configuration souhaitée par mon aïeul et qu’on lui redonne vie, » a déclaré Geoffrey Hoguet, un Américain de 69 ans, à l’issue de l’audience.
Le litige entre M. Hoguet, qui réside aux Etats-Unis, et la ville de Vienne porte sur une fondation à vocation médicale créée en 1907 avec les fonds de son arrière grand-oncle Nathaniel Freiherr von Rothschild, qui avait légué à cette fin l’équivalent de quelque 100 millions d’euros.
Il s’agit, selon les historiens, du plus important legs individuel jamais effectué en Autriche. Il l’a été à une époque où la famille juive des Rothschild était la plus grande fortune de l’ancien empire des Habsbourg, et parmi les plus grandes fortunes d’Europe, grâce à ses activités bancaires et industrielles.
La fondation, initialement gérée par un comité de 12 membres dirigé par la famille Rothschild, avait ouvert deux établissements de soins psychiatriques.
Les nazis, ayant annexé l’Autriche en 1938, avaient expulsé les Rothschild cette année-là, saisi leurs biens puis dissous la fondation. En 1956, quelques années après la fin de la Seconde Guerre mondiale, celle-ci avait été réinstaurée et sa gestion confiée directement à la ville de Vienne.
M. Hoguet souhaite qu’un comité de gestion indépendant soit institué.
La ville conteste tous les volets de la plainte mais a été mise en difficulté jeudi par la juge qui s’est dite « très réservée » sur le contrôle total exercé par la municipalité. D’autres juridictions seront amenées à se prononcer sur l’affaire.