Le bourgmestre d’Alost, en Belgique, a balayé dimanche 23 février les accusations d’antisémitisme qui visent le carnaval de sa commune, rayé en décembre du patrimoine immatériel de l’Unesco. L’élu explique qu’il est permis de «rire de tout» pendant ce rituel festif de trois jours, écrit l’AFP.
«Laissez Alost être Alost», a lancé aux journalistes le bourgmestre Christoph D’Haese, membre de N-VA, peu avant le départ, prévu à 14h00 (13h00 GMT), du principal défilé du carnaval.
«Ce n’est pas une parade antisémite, Alost n’est pas une ville antisémite», a-t-il insisté, cité par l’AFP.
Une vaste polémique avait suivi l’édition 2019 de ce carnaval vieux de 600 ans, quand un char caricaturant des juifs orthodoxes avec des nez crochus, assis sur des sacs d’or, avait pris part au cortège.
Elle a abouti au retrait du carnaval de la liste du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco, une mesure inédite.L’organisation onusienne avait fustigé lors d’une réunion décisive en décembre les «répétitions récurrentes de représentations racistes et antisémites» dans cette manifestation festive. À ses yeux, elles sont incompatibles «avec l’exigence du respect mutuel entre communautés, groupes, individus…».
À l’approche de l’édition 2020, des représentants de la communauté juive et l’ambassadeur d’Israël en Belgique, Emmanuel Nahshon, ont exprimé des craintes quant à la réapparition de «clichés antisémites» cette année à Alost.
Le chef de la diplomatie israélienne, Israel Katz, a même appelé jeudi 20 février sur Twitter les autorités belges à «bannir cette parade haineuse», dont la Belgique devrait avoir «honte».
Interrogé sur ces propos, le bourgmestre M.D’Haese les a jugés «disproportionnés».
Il a demandé de ne pas se concentrer sur tel ou tel «élément matériel» d’un char, mais à prendre en considération «le contexte» de l’évènement qu’il a comparé à «un rituel d’inversion» où tous les aspects de la société sont moqués.
Pendant trois jours «les pauvres deviennent riches, les riches deviennent pauvres, les hommes des femmes et les femmes des hommes», a expliqué l’élu.
«Ici on rit de tout, de la famille royale, du Brexit, de la politique locale et nationale, et de toutes les religions, l’islam, le judaïsme, le catholicisme», a-t-il assuré, s’exprimant en flamand.
«On peut rire avec tout le monde», mais «jamais avec l’intention de blesser quiconque», a aussi nuancé M.D’Haese.
Chaque année des dizaines de chars défilent le premier jour du carnaval, le dimanche précédant Mardi gras, devant des dizaines de milliers de spectateurs, rappelle l’AFP.
Cette année, la météo venteuse pourrait faire fléchir la fréquentation. Les fortes rafales ont déjà eu pour effet de retarder d’une heure le départ du cortège.