Les barrages de manifestants autochtones, qui bloquent des voies ferrées au Canada depuis plus de deux semaines, menacent de faire dérailler l’économie canadienne, a prévenu dimanche le ministre des Transports, appelant à une reprise rapide du dialogue.
Les principaux barrages érigés en plusieurs points du pays depuis 18 jours, pour protester contre un projet de gazoduc traversant un territoire autochtone de Colombie-Britannique (ouest) étaient toujours en place dimanche, deux jours après que le Premier ministre Justin Trudeau a exigé leur levée immédiate. Samedi, plusieurs dirigeants de la nation Wet’suwet’en, à l’origine du mouvement, ont réaffirmé leurs revendications pour une reprise du dialogue, lors d’une visite d’un barrage en territoire mohawk près de Montréal: retrait complet de la police fédérale de leur territoire ancestral et suspension des travaux du gazoduc par la compagnie Coastal GasLink. « On travaille au niveau fédéral pour essayer de recommencer le dialogue, pour que les chefs héréditaires acceptent le fait qu’on a accepté leur condition d’enlever la GRC (Gendarmerie royale du Canada, police fédérale) de leur territoire », a plaidé le ministre Marc Garneau lors d’une interview à Radio-Canada. Les chefs héréditaires, de leur côté, « devraient envoyer le message immédiatement que pendant que ce dialogue se fait, les barrières devraient être enlevées », a-t-il plaidé. « Cela ne peut pas durer longtemps » parce que « ça a un effet important sur l’économie du pays », a prévenu M. Garneau. « Cela peut même affecter notre PIB si ça continue ». Les barrages, notamment celui installé près de Belleville en Ontario, sur un axe stratégique pour les transports de marchandises entre l’ouest et l’est du pays, ont entraîné la suspension d’une grande partie du trafic de fret par l’opérateur Canadien National (CN). Ce dernier a annoncé la mise au chômage technique d’un millier de personnes. « Certains de nos clients à l’international vont peut être décider qu’ils ne pourront plus se rendre aux ports canadiens parce qu’ils ne sont pas fiables, ça peut miner l’investissement dans notre pays », a insisté M. Garneau. La situation est délicate pour M. Trudeau, qui a fait de la réconciliation avec les populations autochtones l’une des priorités de son deuxième mandat. Le gouvernement, pressé par l’opposition d’agir vite, prône toujours une résolution « pacifique » à ce conflit, afin d’éviter qu’il se termine dans le sang, comme de précédentes crises ayant opposé la communauté autochtone aux autorités fédérales.