Dix polices nationales européennes défendent la nécessité d’une base commune de données de reconnaissance faciale au sein de l’UE, selon The Intercept. Cependant, ce projet à l’étude préoccupe certains qui affirment que des régimes autoritaires pourraient détourner son utilisation à des fins de surveillance.
La politique de l’Union européenne en matière de reconnaissance faciale pourrait bientôt se concrétiser, a informé le 21 février le site The Intercept qui se réfère à un rapport obtenu d’un responsable européen.
Rédigé par les forces de police de 10 États membres, il appelle à interconnecter les bases de données de reconnaissance faciale des 27 pays de l’UE. En outre, ce réseau, dont il est question depuis novembre 2019, prévoit l’interconnexion des bases européennes avec celles américaines, créant ainsi une «consolidation transatlantique massive de données biométriques».Le rapport s’inscrit dans le cadre de discussions entamées en 2018 sur l’extension du Traité de Prüm qui permet d’échanger des données génétiques, des empreintes digitales et des plaques d’immatriculation. Les données de reconnaissance faciale viendraient donc enrichir cet outil.
Selon The Intercept, qui se réfère aux informations fournies par la Commission européenne au Parlement européen en novembre 2019, un budget de 700.000 euros a été alloué au cabinet d’audit Deloitte qui a pour mission d’évaluer la mise en place de possibles changements du traité avec une part de travail sur la technologie de la reconnaissance faciale.
Par ailleurs, la Commission européenne a également versé 500.000 euros à un consortium d’agences publiques dirigé par l’Institut estonien de médecine légale afin de «cartographier la situation actuelle de la reconnaissance faciale dans les enquêtes criminelles dans tous les États membres de l’UE» avec la perspective d’aller «vers l’échange éventuelle de données faciales», d’après une présentation de projet soumis aux représentants nationaux à Bruxelles.
Edin Omanovic, directeur plaidoyer de l’association Privacy International, s’est confié auprès du média sur le risque éventuel que cette base de données en Europe pourrait représenter:
«C’est préoccupant au niveau national et au niveau européen, d’autant plus que certains pays de l’UE se tournent vers des gouvernements plus autoritaires».
Il craint donc que celle-ci soit utilisée à des fins de «surveillance pour motifs politiques» et non pour le travail de la police.
«Sans la transparence et les garanties juridiques pour que la technologie de reconnaissance faciale soit légale, il devrait y avoir un moratoire», a-t-il ajouté.