Les violences intercommunautaires à New Delhi ont déjà coûté la vie à 17 personnes, selon un bilan actualisé mercredi.
Les habitants de la capitale indienne redoutent une nouvelle journée meurtrière. Des émeutiers armés de pierres, de sabres et parfois même de pistolets, sèment le chaos et la terreur depuis dimanche dans des zones périphériques à majorité musulmane du nord-est de la mégapole, éloignées d’une dizaine de kilomètres du centre. Le principal hôpital de la zone a enregistré quatre décès supplémentaires mercredi, portant le bilan total à 17 morts depuis lundi, a indiqué l’un de ses responsables. De plus, 150 personnes ont été blessées, dont une dizaine se trouvaient mercredi dans un état critique.
Des heurts entre partisans et opposants d’une loi controversée sur la citoyenneté, jugée discriminatoire envers les musulmans par ses détracteurs, ont dégénéré en affrontements communautaires, entre hindous et musulmans. Dans de nombreux incidents rapportés par la presse indienne, des groupes armés hindous s’en sont pris à des lieux et à des personnes identifiés comme musulmans. Des vidéos montrent des bandes criant « Jai Shri Ram » (« Vive le dieu Ram »). Pour la soirée de mardi, au terme d’une journée particulièrement meurtrière, la police locale a fait état d’épisodes sporadiques de violence dans le district concerné. Craignant pour leur vie, de nombreux travailleurs migrants abandonnaient leur logement pour retourner à la sécurité de leur village d’origine, a constaté mardi soir un journaliste de l’AFP.
Cette flambée de violence a éclaté au moment de la visite d’État en Inde du président américain Donald Trump, qui s’est achevée mardi par des entretiens avec le Premier ministre indien Narendra Modi à New Delhi.
Le dirigeant nationaliste hindou est confronté depuis décembre à un vaste mouvement de contestation contre une nouvelle législation qui facilite l’attribution de la citoyenneté indienne à des réfugiés, à condition qu’ils ne soient pas musulmans. Ce texte a cristallisé les craintes de la minorité musulmane d’être reléguée au rang de citoyens de seconde classe, dans cette nation où les hindous représentent 80% de la population. La loi a provoqué les plus importantes manifestations dans le pays d’Asie du Sud depuis l’arrivée au pouvoir de Narendra Modi en 2014.