Les policiers hongkongais réaffectés depuis des mois aux forces anti-émeute vont commencer à reprendre leurs missioсns régulières, comme la lutte contre la criminalité ou la régulation du trafic, en raison de la raréfaction des manifestations prodémocratie, ont annoncé jeudi les autorités.
Cette annonce est intervenue au lendemain de la présentation du nouveau budget de la région semi-autonome, qui impliquera notamment une augmentation de 25 % du budget de la police et le recrutement de 2 500 nouveaux officiers.
L’ex-colonie britannique a connu de juin à décembre 2019 sa pire crise politique depuis sa rétrocession à la Chine en 1997, avec des manifestations parfois quotidiennes pour demander notamment des réformes démocratiques.
Ces rassemblements ont parfois dégénéré en affrontements violents entre manifestants radicaux et policiers.
Les manifestations ont perdu en ampleur à partir de décembre, en partie à cause de la fatigue des protestataires et des multiples arrestations. Le triomphe des pro-démocratie aux élections locales de novembre avait en outre débouché sur une phase de réflexion sur la stratégie au sein du mouvement.
L’épidémie de coronavirus et les risques de contagion dans les rassemblements ont achevé de doucher en janvier les ardeurs des manifestants, même si ces derniers affirment ne pas avoir dit leur dernier mot.
« Compte-tenu du fait que les manifestations violentes de grande ampleur se sont récemment raréfiées, la police déploiera par phase et avec plus de flexibilité ses agents dans les brigades anti-émeutes, pour renforcer les autres équipes de terrain dans leur tâche de maintien de l’ordre, notamment dans les missions de prévention et d’élimination de la criminalité et dans le contrôle de la circulation », a annoncé la police dans un communiqué.
Plus de 7.000 personnes ont été arrêtées en marge des manifestations et la police a tiré sur la période environ 30.000 projectiles comme les grenades lacrymogènes ou les balles en caoutchouc.
Les forces de l’ordre ont été maintes fois accusées de violences par les manifestants. Ces derniers exigent d’ailleurs une enquête indépendante sur ce qu’ils présentent comme des actes de « brutalité policière ».
La police s’est défendue en disant avoir utilisé un niveau de force approprié alors qu’elle était aux prises avec des émeutiers violents qui n’hésitaient pas à jeter des briques, des pierres ou à projeter du liquide corrosif.
Mais les sondages conduits auprès des Hongkongais pointent vers une perte de confiance de la population envers sa police, naguère très respectée pour son professionnalisme.
Aucun policier n’a été sanctionné pour son comportement lors des manifestations. La « police des police » locale a ouvert des enquêtes sur un certain nombre de plaintes. Mais ses détracteurs l’accusent de manquer d’objectivité.