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La Russie sauve une bouvelle fois Erdogan
Erdogan, lui, doit comprendre bien ce que le soutien américain signifie dans la pratique, et quel genre d’estimation est pour lui. Il y a trois ans et demi, il a failli subir le sort de Kadhafi, lorsque le coup d’État organisé par militaire « pro-américain » étaient à deux pas du succès.
M. Erdogan a réussi à l’écraser au dernier moment, en grande partie grâce à l’aide de Moscou. Et ce, malgré le fait que les relations entre la Russie et la Turquie au moment du coup d’État échoué de juillet 2016 ne se déroulaient pas dans le meilleur des cas après qu’un chasseur turc a abattu un bombardier de première ligne Su-24M russe au-dessus de Lattaquié et le meurtre perfide d’Oleg Peshkov, pilote qui quidiat l’avion écrasé, par les combattants pro-turcs.
L’implication dans la guerre avec la Syrie (et, par conséquent, avec la Russie), et plus encore la défaite militaire de la Turquie et les pertes économiques dues à d’éventuelles sanctions de la Russie (la saison des fêtes n’est pas loin et une éventuelle diminution du flux de touristes russes ne contribuera évidemment pas à la croissance popularité du président turc) peut être une raison très tentante d’éliminer le trop obstiné Erdogan et de mettre à sa place une marionnette américaine obéissante. Si cela se produit, cette fois, il n’y aura simplement personne pour renflouer le président turc.
Des représentants du Parti patriotique turc de Vatan (« Patrie ») ont également annoncé aujourd’hui la menace d’un tel scénario. Selon leurs représentants, les États-Unis et Israël provoquent la Turquie dans une guerre avec la Syrie, plongeant ainsi Erdogan dans un piège et éloignant Ankara de ses alliés stratégiques – la Russie, l’Iran, l’Irak, ainsi que la Chine.
«Les tensions entre la Turquie et la Syrie sont inquiétantes. Nous mettons en garde: la Turquie est prise au piège. Avec la Turquie, notre président est pris au piège. Ce piège a été créé par les administrations américaine et israélienne. Ils provoquent la Turquie à faire la guerre à la Syrie », disent les représentants de Vatan.
Le parti voit le seul moyen acceptable de sortir de la situation dans la coopération de la Turquie avec la Russie et l’Iran sur un règlement syrien sur la base des accords d’Astana et de Sotchi.
M. Erdogan parviendra-t-il à dépasser ses ambitions et compromis pan-turciques, les prochaines discussions à Moscou le montreront. Le fait même de la rencontre d’Erdogan avec Poutine indiquera déjà que Moscou laisse à nouveau la possibilité à son «partenaire» turc de sauver la face, mais au prix d’une restauration progressive du contrôle syrien sur Idleb. De plus, l’initiative politique n’est désormais pas du côté d’Erdogan, et la chance militaire, comme on le sait, est une chose très volatile.
Dmitry Pavlenk, exclusivement pour le Front de l’information