Shakeel Afridi, le médecin qui aida à localiser Oussama Ben Laden, et qui est emprisonné depuis plus de sept ans, a entamé une grève de la faim depuis sa cellule, ont indiqué son avocat et sa famille lundi.
« C’est pour protester contre les injustices et les attitudes inhumaines à son encontre et à l’encontre de sa famille », a déclaré son frère Jamil Afridi à l’AFP après l’avoir rencontré dans une prison de la province du Pendjab (centre).
Son avocat Qamar Nadeem a confirmé à l’AFP qu’il a commencé une grève de la faim.
Le Dr Afridi avait organisé une fausse campagne de vaccination contre l’hépatite C, qui avait servi de couverture pour confirmer la présence de Ben Laden, le chef d’Al-Qaïda, tué le 2 mai 2011 par les forces spéciales américaines à Abbottabad, une ville de garnison pakistanaise.
Mais peu après le raid, le médecin avait été arrêté par les autorités pakistanaises. Jugé pour liens avec des extrémistes — un chef d’accusation largement considéré comme fantaisiste — le médecin a été condamné à une peine de 33 ans de prison, réduite par la suite à 23 ans.
L’assassinat de Ben Laden avait occasionné un grand embarras au gouvernement et surtout à la puissante armée pakistanaise, qui n’avaient pas été avertis du lancement de l’opération menée par les forces spéciales américaines contre la résidence du chef d’Al-Qaïda, à une cinquantaine de km de la capitale Islamabad.
Pendant des années, le Dr Afridi n’a pas eu accès à son avocat. Son appel contre sa condamnation a été reportée à de multiples reprises.
Sa famille s’est aussi plainte de harcèlement. Tant le médecin que sa femme et leurs deux enfants se sont vus refuser le renouvellement de leurs papiers d’identité, s’était plaint Me Nadeem en 2017.
Durant la précédente campagne électorale américaine, Donald Trump avait annoncé qu’il forcerait Islamabad à libérer Shakeel Afridi. Mais il s’est ensuite montré discret sur le sujet, à mesure que le Pakistan s’investissait pour convaincre les talibans afghans de négocier avec Washington.
Un accord américano-taliban a été signé samedi à Dubaï, qui prévoit le retrait des troupes étrangères d’Afghanistan en échange de garanties sécuritaires des insurgés.
L’affaire Afridi a eu un impact sur l’aide humanitaire au Pakistan, une trentaine d’ONG étrangères ayant été forcées de quitter le pays en 2018, les autorités dénonçant leurs « activités politiques » dans le pays.