Après l’échec des pourparlers à Vienne entre l’OPEP et d’autres producteurs de pétrole sur un nouvel accord d’encadrement de la production, l’Arabie saoudite prévoit d’augmenter sa production et de baisser les prix afin de contraindre la Russie à revenir à la table des négociations, selon les données de l’agence Bloomberg.
En réaction à l’échec des pourparlers à Vienne sur une réduction collective de la production de pétrole, l’Arabie saoudite prévoit d’augmenter la sienne le mois prochain, dépassant largement les 10 millions de barils par jour, contre 9,7 millions de barils en mars, relate Bloomberg. Le royaume a ainsi réagi de manière agressive à l’effondrement de son alliance OPEP+ avec la Russie, une alliance qui jusqu’à présent consistait en l’accord des 15 membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et dix autres États producteurs sur la maîtrise des prix.
Le 7 mars, le plus grand exportateur de pétrole au monde a ainsi déclenché une guerre des prix en réduisant ceux de la vente du brut sur les marchés étrangers à un niveau sans précédent depuis au moins 20 ans, en offrant des remises sans précédent en Europe, en Extrême-Orient et aux États-Unis pour inciter les raffineurs à acheter du brut saoudien aux frais d’autres fournisseurs, poursuit l’agence.Dans le même temps, l’Arabie saoudite a déclaré en privé à certains acteurs du marché qu’elle pourrait augmenter la production encore davantage si nécessaire, jusqu’à un record de 12 millions de barils par jour, selon des sources proches des négociations qui ont requis l’anonymat à Bloomberg.
La manœuvre saoudienne pourrait être une tentative d’exercer un impact maximal sur la Russie et les autres producteurs, dans le but de les ramener à la table des négociations, explique Bloomberg.
Le géant pétrolier saoudien Saudi Aramco a fait baisser le prix du pétrole Arab Light pour l’Europe à un niveau minimum record jamais atteint depuis 20 ans. «L’Arabie saoudite est actuellement en pleine guerre des prix», a déclaré Iman Nasseri, directeur général pour le Moyen-Orient chez la société de conseil londonienne Facts Global Energy (FGE).Aramco a également fixé son prix de vente pour le baril de brut léger en Asie pour le mois d’avril à 3,10 dollars de moins que la moyenne d’Oman/Dubaï, soit une baisse de 6 dollars le baril par rapport au mois de mars, a déclaré la société dans un communiqué diffusé le 7 mars. Le groupe a également réduit de 7 dollars le prix de vente du baril de pétrole brut léger vers les États-Unis pour avril.
Le 6 mars, les discussions à Vienne entre le cartel OPEP et les pays qui n’en font pas partie (Russie, Azerbaïdjan, Kazakhstan) se sont soldées par un échec dramatique, car l’Arabie saoudite n’a pas réussi à convaincre la Russie à accepter une réduction prolongée de la production.
Le cartel souhaitait une baisse supplémentaire de 1,5 million de barils par jour jusque fin 2020. Moscou s’est opposé à une nouvelle réduction de la production de pétrole pour arrêter la baisse des cours due à l’épidémie de coronavirus. Le ministre russe de l’Énergie Alexandr Novak a rejeté un ultimatum et a refusé de participer à une réduction collective de la production. L’OPEP a répondu en levant toutes les limites à sa propre production, ce qui a fait chuter les cours du pétrole de 10%.