Dans un contexte économique difficile, plusieurs pays pourraient annoncer un défaut de paiement dans les années à venir, comme vient de le faire le Liban, a estimé l’économiste David Stubbs, de la banque privée J.P. Morgan.
Alors que le Liban a annoncé un défaut de paiement le 7 mars, d’autres pays risquent aussi de ne pas pouvoir éviter un scénario similaire, a prévenu David Stubbs, directeur de la stratégie d’investissement chez J.P. Morgan, interrogé par l’hebdomadaire ukrainien Zerkalo Nedeli. Il n’a cependant pas précisé quels pays étaient concernés.
«Le problème du pays n’est pas le défaut de paiement en soi, mais ses causes. Si l’économie est sur le point de s’effondrer, c’est évident qu’elle se trouvait sous pression. Si un pays a du mal à trouver de l’argent pour rembourser ses obligations, il doit prendre des décisions douloureuses au niveau de sa politique intérieure, des impôts, des dépenses sociales, et plus encore», a-t-il expliqué.
L’économiste se veut tout de même rassurant. L’histoire montre que les marchés ouvrent à nouveaux leurs portes aux pays touchés après quelques années, et les sanctions pour non-respect des obligations ne sont pas très élevées ces derniers temps, a-t-il souligné. En général, le défaut de paiement est surtout un problème pour ceux qui ont prêté de l’argent.
Le samedi 7 mars, le Premier ministre libanais, Hassan Diab, a annoncé que son pays ne paierait pas une dette arrivant à échéance deux jours plus tard, ce qui a engendré le premier défaut de paiement de l’histoire du pays. Le Liban affiche une dette de 92 milliards de dollars (81 milliards d’euros), soit 170% de son PIB. Il traverse sa pire crise économique depuis la fin de la guerre civile, en 1990, ainsi qu’une crise politique.
Quelques semaines avant l’annonce, Paris avait exprimé sa volonté d’aider Beyrouth pour assurer sa stabilité, à la fois grâce à des prêts financiers et une assistance au niveau politique, par exemple en jouant un rôle de médiateur entre les élites du pays.
En décembre 2019, la Banque mondiale (BM) avait exprimé son inquiétude à propos de la vague d’endettement qui a touché depuis 2010 plusieurs pays considérés comme pauvres ou émergents. Fin 2018, la dette de ces États était estimée en moyenne à 168% de leur PIB, ce qui n’avait jamais été observé auparavant.
La Chine, dont l’endettement a augmenté de 2019 points entre 2010 et 2018, a particulièrement pesé dans la balance. En décembre, un analyste de Moody’s Analytics avait même prévenu que la dette des entreprises chinoises constituait la plus grande menace pour l’économie mondiale.
Ce qu’a également souligné la BM, c’est que la dette n’est plus seulement détenue par les banques internationales, desquelles les États tendent à se détourner, mais bien par les créanciers privés, les banques régionales et les marchés de capitaux. Ils deviennent ainsi plus vulnérables à la hausse des taux d’intérêts ou à la baisse de confiance des investisseurs.