Ayant refusé de respecter le confinement, au moins cinq personnes ont été placées le 19 mars en garde à vue en Seine-Saint-Denis et dans le Pas-de-Calais. Une mesure drastique prise par les autorités locales face à l’explosion des chiffres de verbalisations. Il s’agit des premières en France dans le cadre du confinement.
Quatre personnes ont été placées en garde à vue jeudi 19 mars en Seine-Saint-Denis et au moins une à Béthune (Pas-de-Calais) pour mise en danger de la vie d’autrui, rapporte Le Parisien.
Cette mesure forte a été prise en tant qu’expérimentation par les autorités de Seine-Saint-Denis, où les règles de circulation ont été particulièrement mal suivies par la population.
«On tâtonne, alors on a voulu essayer un outil plus dissuasif. Les Français doivent comprendre la situation sanitaire d’urgence dans laquelle nous nous trouvons», a expliqué une source judiciaire au quotidien.
Tous les interpellés avaient déjà été verbalisés à plusieurs reprises pour être sortis sans motif valable pour une durée limitée. Parmi les cinq gardes à vue, une personne, originaire du Raincy, est ressortie dans la soirée avec un rappel à la loi.Contactés par Le Parisien, les responsables d’organisations de magistrats sont divisés sur la solidité des suites pénales.
«Une fois de plus la justice est désarmée et doit faire face avec ses moyens à des situations inacceptables», a constaté Béatrice Brugère, secrétaire générale de FO Magistrats.
Selon elle, il faudrait anticiper la multiplication des gardes à vue pour non-respect du confinement. « Il faut garantir un cadre juridique clair et sécurisé, car la mise en danger délibérée de la vie d’autrui est un délit particulier qui requiert la preuve d’une intentionnalité».
Céline Parisot, présidente de l’Union syndicale des magistrats (USM), a estimé cependant que rien ne s’oppose à ce que de telles poursuites aboutissent.
«Les messages de prévention depuis plusieurs jours sont très clairs, et ne peuvent être ignorés de personne. Quand on circule en violant délibérément une obligation, il y a intentionnalité», a-t-elle indiqué au quotidien.
La Seine-Saint-Denis connaît une forte hausse du nombre de verbalisations, soit plus de 1.300 depuis le début du confinement selon les chiffres relayés par Le Parisien. Ce sont essentiellement des contrôles routiers de jour sur les grands axes. Rien que sur la journée du 18 mars, le nombre d’amendes infligées dans ce département a constitué 10% du total sur l’ensemble de la France.