«Entassés à trois dans les cabines des camions à moins d’un mètre les uns des autres», des éboueurs d’une filiale de Veolia dans sept communes de Seine-Saint-Denis estiment qu’ils ne sont pas assez protégés contre le coronavirus et font valoir leur droit de retrait, relate Le Parisien. Les masques ont en effet été attribués aux personnels de santé.
Arrivé au travail le 18 mars, un éboueur d’Otus, une filiale de Veolia à Sevran (Seine-Saint-Denis), n’a trouvé ni gel, ni masque, ni lingettes pour «nettoyer les mains ou le volant» et a jugé qu’il n’était pas assez protégé contre le coronavirus pour travailler en toute sécurité, relate Le Parisien.
Par conséquence, il a fait valoir son droit de retrait ce jour-là, soutenu par une vingtaine de collègues travaillant dans sept communes du département. Les éboueurs se disent prêts à recommencer, en cette fin de semaine, si rien n’est fait pour y remédier.
Les employés sont également inquiets d’être «entassés à trois dans les cabines des camions à moins d’un mètre les uns des autres». Les véhicules, selon un délégué CGT, «ne sont même pas davantage désinfectés que par rapport à une période ordinaire».
«Nos conditions de travail ne sont plus tolérables actuellement», s’indigne-t-il.
L’inquiétude s’étend partout en France dans les rangs des préposés à la collecte des ordures, constate le quotidien.
Un porte-parole de Veolia, cité par Le Parisien, dit que la situation que vivent ces salariés en Seine-Saint-Denis est unique dans l’entreprise. «Si la situation épidémique se poursuit, ce qui se profile, les droits de retrait risquent de se multiplier et nos salariés seront dans leur bon droit», ajoute-t-il.Inquiet de cette situation, le porte-parole explique comment elle est apparue. Considérée par l’État comme un opérateur d’importance vitale (OIV), Veolia dispose normalement d’un stock important de masques de protection. «Mais au début de la crise épidémique, ceux-ci nous ont été retirés et attribués au personnel soignant. Nous ne disposons donc que d’un stock réduit.»
Un rippeur chez Veolia, interrogé par Mediapart, a en effet raconté: «Quand on leur expose nos peurs, nos craintes et nos revendications, ils essaient de dédramatiser et nous expliquent que les masques sont en priorité pour les médecins et personnels de santé. Ce qui est vrai, mais à partir du moment où on demande à un service de continuer, j’estime que ce doit être dans de bonnes conditions! Et là, on nous dit : « c’est rien, ne vous inquiétez pas, ça reste pas sur les sacs, pas sur les objets, allez travailler »».
«Il ne faudrait pas qu’en plus de la crise sanitaire actuelle, la France soit confrontée à d’autres problèmes liés à l’interruption des collectes de ramassage des ordures», avertit de son côté le porte-parole de Veolia.
«Les collectes sont bien maintenues» chez Suez environnement ou Derichebourg, autres acteurs importants du secteur de la collecte des déchets en France. Une porte-parole de Suez reconnaît pourtant «une forte tension au niveau national en approvisionnement de masques», tout en assurant que le gouvernement travaille à trouver des solutions, poursuit Le Parisien. «Nous appliquons les précautions d’usage avec des gants dans la manipulation de ces déchets», a-t-elle indiqué.Les déplacements sont très fortement réduits en France métropolitaine et dans les territoires d’outre-mer depuis le 17 mars et au moins pour 15 jours. 100.000 policiers et gendarmes veillent au respect de la mesure de confinement, dont la violation est passible de 135 euros d’amende forfaitaire.