Le courant le plus jusqu’au-boutiste de l’extrême droite allemande, soupçonné d’avoir par ses diatribes contribué à des attentats racistes ou antisémites dans le pays, va se saborder, a annoncé samedi son chef de file.
Björn Höcke cède ainsi à un ultimatum de la direction de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), qui la veille lui avait demandé de dissoudre cette mouvance, baptisée « l’Aile » et représentant environ un cinquième des adhérents.
Dans une interview accordée à un magazine de la droite ultra allemande, Sezession, le héraut du courant controversé a condamné l’ultimatum mais estimé qu’il ne faisait qu’accélérer une dissolution à ses yeux déjà en cours. « Cette exigence vient au mauvais moment et parasite un processus que ‘l’Aile’ met en place depuis longtemps visant à ce qu’elle appartienne à l’Histoire », a dit Björn Höcke.
« A présent, ce à quoi nous réfléchissons depuis longtemps, va se produire plus vite », à la suite de l’oukase de la direction de l’AfD, a-t-il ajouté, l’accusant d’avoir cédé à la pression nationale. Il a toutefois prévenu ne pas avoir l’intention avec ses sympathisants, au nombre de 7 000 environ, de renoncer à ses convictions ultra, affirmant qu’ils « maintiendraient leur cap politique pour le bien de l’AfD ».
La pression sur cette frange radicale a été accrue récemment après la décision du Renseignement intérieur allemand de la placer sous surveillance policière, en raison du danger qu’elle représente pour l’Etat. Cette sanction est intervenue dans un contexte de regain du terrorisme d’extrême droite, avec trois attentats commis en moins d’un an. Le dernier en date a été commis en février à Hanau, près de Francfort, par un tireur raciste et complotiste qui a tué 9 personnes, toutes d’origine étrangère, avant de se suicider. L’AfD a été accusée dans la foulée d’avoir encouragé par ses diatribes anti-migrants ces différents attentats. Cette mouvance d’extrême droite représente le « principal » danger pour la démocratie du pays, 75 ans après la fin du nazisme, selon les services de renseignement.
Björn Höcke lui-même, chef de file du parti AfD en Thuringe, a récemment été à l’origine d’une crise politique majeure dans le pays après avoir tenté de faire alliance avec la droite modérée de la chancelière Angela Merkel. Cet homme de 47 ans et ses partisans remettent en particulier en cause la culture de repentance de l’Allemagne pour les crimes nazis.