Les producteurs de pétrole traversent une période de crise, mais le marché n’est pas encore au plus bas et la situation risque de s’aggraver en avril sur fond de pandémie de coronavirus, selon le site OilPrice.
Le mois d’avril peut devenir le pire pour le marché pétrolier mondial puisque l’offre sera très largement supérieure à la demande en raison notamment de la pandémie de Covid-19, relate le site OilPrice se référant à plusieurs analystes.
«La perte de demande en glissement annuel atteindra un pic en avril à 10,4 millions de barils par jour, et la demande annuelle de 2020 chutera de 3,39 millions de barils par jour, un record», d’après une note de la banque britannique Standard Chartered citée par OilPrice.
À court terme, l’excédent du marché pétrolier pourrait atteindre un pic de 13,7 millions de barils par jour en avril, avec un excédent moyen de 12,9 millions de barils pour le deuxième trimestre, selon le site.
L’accumulation des stocks pourrait atteindre le niveau de 2,1 milliards de barils d’ici la fin de l’année. Ce chiffre représente une révision à la hausse de 50% par rapport à l’excédent d’offre de 1,4 milliard de barils prévu par la banque Standard Chartered il y a une semaine.
«Au cours de la semaine dernière, les restrictions de voyage imposées par les gouvernements européens et nord-américains dans le cadre de leur réponse à la propagation du coronavirus ont considérablement amplifié le choc négatif» du marché pétrolier déjà fragilisé par la guerre des prix, selon la note de Standard Chartered reprise par OilPrice.
D’autres analystes publient des prévisions encore plus pessimistes. Selon le cabinet de conseil en risques politiques Eurasia Group, la demande pourrait chuter de 25 millions de barils par jour au cours des prochaines semaines et prochains mois. La surabondance historique signifie que le monde pourrait manquer d’espace de stockage.
«À un certain point… nous devrons remplir tous les bateaux», a estimé Giovanni Serio, responsable de l’analyse chez la société de trading pétrolier Vitol, cité par le Financial Times.
D’après les prévisions du cabinet Rystad Energy, plus de 200 sociétés pétrolières européennes pourraient faire faillite, ce qui représente 20% du nombre total des entreprises du secteur.La production de pétrole de schiste américain devrait aussi diminuer de 1,1 million de barils par jour, à 11,87 millions de barils en décembre 2020. En décembre 2021, les États-Unis produiront 10,69 millions de barils de pétrole de schiste par jour, avec une moyenne de 11,2 millions de barils pour l’année 2021, estime Standard Chartered.
Jusqu’à récemment, la plupart des analystes supposaient que la pandémie de coronavirus serait une affaire de court terme, qui influerait sur le marché pendant deux à quatre semaines, note OilPrice.
Mais la pandémie peut durer plus longtemps et laisser «des cicatrices économiques permanentes», d’après le site.
Selon la note de Standard Chartered, la demande pétrolière peut chuter en glissement annuel de 8,8 millions de barils par jour en mai et de 7,4 millions de barils par jour en juin.
Et même après la fin de la pandémie, la demande en pétrole ne serait plus jamais comme avant parce que l’attitude à l’égard des voyages en avion peut changer et de nombreuses entreprises risquent de ne pas se remettre de cette crise, conclut OilPrice.