Affirmant que la «Russie et les États-Unis ont lancé une compétition sur le marché mondial de l’énergie», le média polonais Energetyka24 laisse entendre que Varsovie se tient prêt à tendre la main à son allié outre-Atlantique contre Moscou.
L’épidémie de Covid-19 a considérablement impacté les marchés mondiaux et n’a fait qu’accentuer les rivalités russo-américaines sur le champ de bataille énergétique, relate le média polonais Energetyka24 le 25 mars.
«Alors que Washington et Moscou se font concurrence depuis des décennies, ils se heurtent aujourd’hui, pour la première fois de l’Histoire, aussi directement sur les marchés de l’énergie», souligne-t-il.
Il affirme également que la Pologne, membre de l’Otan et de l’EU, bénéficie d’une position géopolitique stratégique, ce qui fait d’elle l’un des acteurs clés de cette «confrontation».L’auteur de l’article s’en prend par ailleurs à l’Allemagne pour le soutien de celle-ci à la construction du gazoduc russe Nord Stream 2 sur fond de conflit dans l’est de l’Ukraine.
Au sud-est du continent européen, il fustige la Turquie qui a pu récemment bénéficier du nouveau gazoduc Turkish Stream, estimant ainsi que cela a aidé la Russie à renforcer ses positions.
Le journaliste pointe finalement le nucléaire russe, qualifiant celui-ci d’autre outil de l’influence énergétique. Selon lui, «depuis 1999 la Russie a vendu plus de technologies nucléaires que les États-Unis, la France, la Chine et le Japon réunis».
La dite révolution du schiste a permis aux entreprises américaines de produire de très gros volumes de pétrole et de gaz très bon marché, les États-Unis cherchant à remplacer la Russie en tant que principal fournisseur de matières premières de l’Europe, en privant le pays de cet important levier politique, considère le journaliste.
D’après lui, après que l’Ukraine a conclu un accord sur les achats de gaz naturel liquéfié (GNL) américain qui sera réalisé avec l’aide de la Pologne, ce pays d’Europe centrale a renforcé son rôle d’acteur clé dans cette confrontation.Le journaliste rappelle par ailleurs plusieurs démarches entreprises par Varsovie pour se rapprocher de Washington sur le marché énergétique européen. Ainsi, indique-t-il, le premier lot de gaz liquéfié américain, livré dans un terminal construit en juin 2017 dans la ville polonaise de Swinoujscie, a été symbolique pour Varsovie. La Pologne, qui jusqu’à récemment était totalement dépendante des importations de gaz russe, s’est mise à penser à la construction d’une unité pour revendre du carburant bleu venant des États-Unis, du Qatar et de la Norvège à ses voisins.
La Russie a pour sa part à plusieurs reprises démenti une quelconque rivalité avec les États-Unis dans le secteur énergétique. En commentant les sanctions américaines contre le Nord Stream 2, Vladimir Poutine a affirmé que les États-Unis agissaient «exclusivement dans leurs propres intérêts au détriment du consommateur en Europe».