L’ONU, menacée de paralysie, vote par écrit quatre résolutions

Le Conseil de sécurité de l’ONU a approuvé lundi quatre résolutions, les premières depuis le 12 mars et sa mise en télétravail pour cause de Covid-19, lors d’une procédure par écrit inédite difficilement négociée pendant 15 jours et qui suscite le scepticisme d’experts.

Le mandat des experts onusiens chargés du contrôle des sanctions imposées à la Corée du Nord qui arrivait à échéance a ainsi été prolongé jusqu’à fin avril 2021, selon des diplomates.

« Toutes ont été adoptées à l’unanimité » du Conseil qui ne se réunit plus physiquement depuis la mi-mars, a précisé un diplomate.

Le Conseil n’a pas tenu de réunion formelle depuis le 12 mars. Plusieurs de ses membres ont plaidé pour des sessions par visioconférence, mais la Russie a refusé avec des arguments politiques et juridiques. Moscou a juste accepté des consultations « informelles » par vidéo, mais pas question de voter par ce biais.

Après une dizaine de jours de travail, les membres du Conseil se sont mis d’accord pour se donner 24 heures à l’issue des négociations secrètes de projets de résolution pour transmettre électroniquement par lettre les votes au secrétariat de l’ONU. Après compilation du résultat, ils sont ensuite rendus publics.

« La nouvelle procédure de vote semble inutilement bureaucratique », affirme à l’AFP Richard Gowan, du centre de réflexion International Crisis Group. « Cela peut avoir du sens pour des affaires courantes, mais elle est absurde et lourde si le Conseil doit réagir rapidement à une crise aigüe ».

Omniprésente à l’ONU jusqu’à présent, la théâtralisation des votes et du veto, à main levée dans la grande chambre du Conseil, pour garantir des valeurs ou pointer du doigt des pays faisant échouer des consensus, n’est plus possible, relève-t-il.

Elle écarte le risque d’une superficialité accrue de textes qui font le droit international. « Depuis 75 ans, un projet de résolution est le résultat d’un consensus qui conduit souvent à l’adoption du plus petit dénominateur commun », souligne-t-elle à l’AFP.

Temporaires, les visioconférences et votes par écrit permettent au Conseil « de s’acquitter de son mandat » et « ne seront pas considérés comme un précédent à l’avenir », a assuré la Chine, présidente en exercice du Conseil en mars.

Par la volonté de son secrétaire général, Antonio Guterres, le siège de l’ONU à New York est resté symboliquement ouvert, même si la quasi-totalité des membres du secrétariat et des diplomates des Etats membres ne s’y rend plus.

Dans sa quête de montrer que l’ONU continue à fonctionner, son chef multiplie depuis une semaine les interviews et les discours dramatiques. Outre un appel à observer un cessez-le-feu dans tous les pays en conflit, au résultat très relatif, il a mis en garde contre les « millions » de morts que pourrait faire le virus en l’absence de solidarité avec les pauvres.

Troisième pilier de l’ONU à New York, l’Assemblée générale débat de textes pour pousser justement à cette solidarité. Initié par six pays – Suisse, Singapour, Norvège, Liechtenstein, Indonésie et Ghana -, l’un d’eux est désormais coparrainé par plus de 160 pays sur les 193 que compte l’Assemblée, selon un diplomate.

Mais dans cette enceinte aussi, précise-t-il, la Russie pose problème en insistant pour une mention réclamant la levée de sanctions internationales, considérées par Moscou comme un obstacle à la lutte contre la pandémie.

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