Explosion de morts dues au coronavirus chinois aux Etats-Unis et au Royaume-Uni

Le nombre de décès dus à la maladie Covid-19 explose aux Etats-Unis, où près de 1.200 personnes sont mortes ces dernières 24 heures, du jamais vu dans un seul pays, et au Royaume-Uni où l’épidémie s’accèlère avec une hausse de 20 % des décès quotidiens.

En Espagne, pays le plus endeuillé au monde derrière l’Italie, le nombre de morts en 24 heures a encore vendredi, comme la veille, dépassé les 900, portant le bilan total à presque 11.000 décès.

Mais le rythme de hausse des décès, hospitalisations et cas continue de ralentir, assurent les autorités.

En Allemagne, les mesures de restrictions commencent à ralentir la propagation du virus, ont estimé vendredi les autorités sanitaires, insistant sur la nécessité de les « maintenir ».

La moitié de l’humanité est désormais soumise à des mesures de confinement, parfois très strictes, avec des conséquences économiques et sociales catastrophiques.

Selon le dernier comptage de l’AFP, plus d’un million de personnes ont désormais été testées positives au nouveau coronavirus dans le monde, une fraction du nombre réel de malades, un grand nombre de pays ne testant que les cas graves.

Certains de ceux qui ont guéris racontent leur solitude et la peur de mourir. Javier Lara, espagnol de 29 ans, « sportif et non fumeur » s’est retrouvé « en soins intensifs et sous oxygène »: Aux soignants, « je demandais: « Je vais mourir? M’en remettre? Ils me disaient: ‘Nous ne le savons pas, ce virus est nouveau' ».

D’autres, comme Diana Berrent, à New York, fait tester son plasma, pour savoir s’il contient, après la maladie, suffisamment d’anticorps pour contribuer aux études sur un possible traitement contre la maladie Covid-19.

« Nous, les rescapés, nous pouvons aider », espère cette énergique photographe américaine de 45 ans, « on pourrait être des superhéros ».

Avec la moitié des près de 53 700 décès dans le monde, l’Europe reste le continent le plus touché. Le Royaume-Uni, dont le gouvernement a été critiqué pour sa gestion de la crise, a enregistré un record de 684 décès en 24 heures et compte désormais plus de 3.600 morts.

Un immense hôpital de campagne, mis en place en seulement neuf jours dans un centre de conférences de Londres, a ouvert vendredi pour absorber cette déferlante de malades du nouveau coronavirus s’abattant sur le système de santé britannique.

Mais avec près de 6 000 morts, soit un quart du bilan mondial, les Etats-Unis sont en passe de devenir le nouvel épicentre de la pandémie.

En 24 heures, 1 169 morts ont été enregistrés: une hausse énorme d’un tiers par rapport au comptage de la veille (884) et le bilan quotidien le plus élevé jamais enregistré dans un seul pays.

La Maison Blanche estime que l’épidémie devrait y faire entre 100 000 et 240 000 morts.

Peur de la maladie, confinement, perte d’emploi ont des conséquences psychologiques dans le pays, où les professionnels de la santé mentale et les lignes téléphoniques de prévention des suicides sont très sollicités.

Les bilans continuent aussi de s’alourdir en Italie (près de 14.000 morts) et en France (plus de 5 300).

En Italie, le plus grand crématorium de Milan, débordé, a fermé ses portes, et des corps ont été emmenés de Bergame, ville la plus touchée, vers d’autres régions pour être incinérés.

Italie, Espagne, Etats-Unis et France comptent chacun bien plus de morts que la Chine continentale (3 322), pays le plus peuplé du monde où est apparue l’épidémie en décembre, suscitant de forts soupçons sur l’authenticité des chiffres communiqués par Pékin, accusé par un rapport du renseignement américain d’avoir menti en les sous-évaluant largement.

La Chine observera samedi à 02H00 GMT un recueillement national de trois minutes à la mémoire des personnes décédées du nouveau coronavirus, la majorité dans la localité de Wuhan, berceau de l’épidémie.

La quarantaine drastique a commencé à y être levée: la circulation reprend et les magasins rouvrent, mais la population reste sur le qui-vive.

L’inquiétude est grande par ailleurs dans les camps de réfugiés ou de déplacés, en Afrique, encore relativement épargné, mais aussi en Europe.

Dans la « jungle » de Moria sur l’île grecque de Lesbos, des milliers de réfugiés se bousculent sans précaution devant toilettes et douches. « A quoi ça sert de porter un masque alors que je partage les mêmes toilettes que 100 autres personnes? », se désole Hasmad de Kaboul.

Le savon ne fera pas non plus de miracle si le coronavirus atteint les quelque 2 millions de déplacés de la région du lac Tchad, et l’épidémie sera catastrophique, avertissent humanitaires et autorités locales.

En Afrique, et dans d’autres pays du monde dépendant des importations pour leur nourriture et des exportations pour les payer, des centaines de millions de personnes sont menacées de pénuries alimentaires, a prévenu vendredi l’ONU.

A travers le monde, économies et travailleurs sont les victimes collatérales du virus.

L’activité du secteur privé dans la zone euro a chuté en mars à son plus bas niveau historique, selon le cabinet d’information économique Markit.

Le chômage explose. L’Espagne a enregistré en mars plus de 300.000 nouveaux demandeurs d’emploi. L’agriculture et la pêche souffrent de la baisse de la demande et de l’absence de travailleurs saisonniers bloqués par la fermeture des frontières.

Aux Etats-Unis, 6,6 millions de personnes supplémentaires ont demandé une allocation chômage lors de la semaine écoulée, le double du chiffre déjà record de la semaine précédente. Et le taux de chômage est monté en mars à 4,4%, niveau record en plus de 10 ans.

Le gouvernement italien, sous pression pour lever les mesures de confinement et relancer l’économie, est face au choix « horrible » de « mettre l’économie en stand-by ou mettre en danger la vie de nombreuses personnes », selon l’Américain Paul Romer, prix Nobel 2018 d’économie.

Le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte a appelé l’UE à être plus « ambitieuse, unie et courageuse ».

Malgré les interrogations actuelles sur la solidarité entre les 27, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, après avoir regretté que l’Europe ne se soit pas plus tôt mobilisé en faveur de l’Italie, s’est dite convaincue que l’UE sortirait « plus forte » de la crise sanitaire.

La Banque mondiale s’est dite prête à mettre sur la table jusqu’à 160 milliards de dollars sur les 15 prochains mois pour aider les pays à répondre aux conséquences sanitaires de la pandémie et soutenir la reprise économique.

Quant à l’Assemblée générale de l’ONU, elle a appelé jeudi, dans sa première résolution depuis le début de la pandémie, à la « coopération internationale » pour combattre la maladie Covid-19.

Mais la compétition sans pitié entre Etats, notamment occidentaux, pour acquérir des masques médicaux, principalement produits en Asie, montrent l’inverse.

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