221 sites Internet bloqués en Birmanie

Il n’y a eu quasiment aucune communication de la part du gouvernement birman concernant le blocage de plus de 200 sites.

La liste des sites concernés n’a pas été rendue publique, il n’y a pas eu d’ailleurs d’annonce officielle, ni de justification. L’information a été donnée par un des opérateurs téléphoniques du pays dans un communiqué.

On y apprend que le gouvernement a invoqué un article de la loi sur les télécommunications pour imposer ces restrictions, un article qui autorise à le faire en cas de « situation d’urgence » et pour l’intérêt public. Des responsables birmans interrogés par des médias ont ensuite déclaré que cette décision avait, en partie, pour but de lutter contre les fausses informations qui circulent, notamment dans le contexte de l’épidémie du Covid-19.

Sauf que parmi les dizaines de sites bloqués, il y a ceux de médias indépendants, des journaux qui couvrent les événements dans les zones de conflit notamment, où les violations des droits de l’homme sont nombreuses ; et qui informent de la situation des minorités ethniques du pays. Et justement ces derniers jours aussi, les poursuites judiciaires contre des journalistes birmans se sont multipliées en Birmanie.

Plusieurs descentes de police ont eu lieu dans les villes de Rangoon, de Mandalay et de Sittwe, aux sièges des médias ou aux domiciles des journalistes.À ce jour, trois reporters birmans risquent la prison à vie, accusés d’avoir enfreint la loi sur le contre-terrorisme. L’un d’entre eux a été arrêté, les deux autres sont en fuite. Ils ont tous les trois publié une interview avec un groupe rebelle, l’Arakan Army, cette guérilla qui affronte activement depuis l’an dernier l’armée birmane dans l’État de l’Arakan a été récemment catégorisé comme «organisation terroriste» par les militaires birmans.

Selon Reporters sans Frontières, d’autres journalistes seraient actuellement cachés, et craignent eux aussi d’être arrêtés pour avoir donné la parole à la rébellion. Plusieurs ONG ont donc dénoncé des violations de la liberté de la presse. Et ces menaces sur l’accès à l’information ne sont pas nouvelles dans l’Etat de l’Arakan ainsi que dans l’État Chin voisin.

La connexion internet a été coupée dans plusieurs cantons depuis l’an dernier, le gouvernement avait alors expliqué que c’était pour restaurer l’ordre public. L’accès à l’information est donc déjà bien difficile pour les populations qui vivent en zones de conflit et ces endroits sont très très difficiles d’accès pour les journalistes indépendants, et ce depuis plusieurs années. C’est aussi dans cette région qu’a eu lieu la répression des rohingyas par l’armée birmane fin août 2017.

Les opérations militaires qui s’y passent sont un sujet très sensible en Birmanie. Les combats depuis l’an dernier ont fait plus de 100 000 déplacés, des dizaines de civils sont morts ou ont été blessés notamment à cause des opérations de l’armée birmane. Les violations des droits de l’homme sont nombreuses. En coupant internet, en bloquant désormais des sites, et en menaçant les journalistes qui en parlent, l’armée birmane renforce le huis-clos sur la situation dans l’ouest du pays.

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