Les premières négociations entre Taliban et le gouvernement afghan depuis dix-huit ans suspendues

Les premières négociations entre Taliban et le gouvernement afghan depuis dix-huit ans ont été suspendues dans la nuit de lundi à mardi, après huit jours de dialogue. Qualifiées de « stériles » par les insurgés, les discussions portaient sur un échange de prisonniers.

Ils avaient réussi à s’asseoir autour de la table, une première depuis 2001. Dans la nuit de lundi à mardi 7 avril, les Taliban ont annoncé qu’ils suspendaient les discussions qualifiées de « stériles » qu’ils mènent directement avec le gouvernement afghan depuis huit jours sur un échange de prisonniers.

« Nous avons envoyé une équipe technique à la Commission des prisonniers de Kaboul pour identifier nos détenus. (…) Mais malheureusement leur libération a été différée pour une raison ou pour une autre jusqu’à maintenant », a tweeté Suhail Shaheen, un porte-parole taliban. « Notre équipe technique ne participera plus à des réunions stériles (à partir de mardi – réd.) », a-t-il poursuivi.

Ces rencontres étaient les premières à Kaboul depuis que les Taliban ont été chassés du pouvoir en 2001 par une coalition internationale menée par les États-Unis. Les insurgés avaient toujours refusé de reconnaître à titre officiel le gouvernement afghan, qualifié de « marionnette » de Washington.

Elles avaient trait à l’échange de 5 000 prisonniers Taliban contre 1 000 membres des forces afghanes, l’un des points-clés de l’accord signé le 29 février à Doha entre les États-Unis et les rebelles, et non ratifié par Kaboul.

Dans ce texte, Washington a promis un retrait des forces étrangères d’Afghanistan sous quatorze mois, à condition que les Taliban respectent des engagements sécuritaires et entament un dialogue « inter-afghan ».

Matin Bek, un membre de l’équipe de négociation nommé par le gouvernement pour discuter à terme avec les insurgés, a toutefois déclaré lundi que l’échange de prisonniers était retardé parce que les Taliban exigent la libération de quinze de leurs « commandants de haut rang ».

« Nous ne pouvons pas libérer les assassins de notre peuple », a-t-il justifié devant la presse. « Nous ne voulons pas qu’ils retournent sur le champ de bataille et capturent une province entière. »