Le parquet de Béziers a ouvert une information judiciaire suite à la mort d’un homme de 33 ans à Béziers peu après son interpellation le 8 avril, selon Le Parisien. Le 14 avril, sa sœur aînée s’est constituée partie civile via son avocat.
Présenté comme sans-abri, un homme de 33 ans, Mohamed Gabsi, est mort le 8 avril à Béziers peu de temps après son interpellation par la police municipale. C’est le premier décès en France à la suite d’un contrôle des mesures de confinement.
D’après les informations du Parisien, le parquet de Béziers a ouvert une information judiciaire le 11 avril pour «violences volontaires par personne dépositaires de l’autorité publique ayant entraîné la mort sans intention de la donner et non assistance à personne en danger». Le Service régional de police judiciaire (SRPJ) de Montpellier a été saisi de l’enquête.
Le 14 avril, Houda Gabsi, la sœur ainée de la victime, s’est constituée partie civile dans le cadre de cette enquête par l’intermédiaire de son avocat, Me Jean-Marc Darrigade, précise Le Parisien.
« Je défends une sœur qui pleure la disparition de son frère dans un contexte social où si l’on concède que les forces de l’ordre doivent veiller au respect de règles nouvelles, cela ne peut être au prix de la vie d’un jeune homme fusse-t-il contrevenant au confinement. »Condamné à huit reprises depuis 2005 pour des violences et des vols, cet homme au parcours caractérisé par une grande instabilité avait, selon les trois policiers municipaux, «refusé leur contrôle» et «résisté» à l’interpellation.
Selon leurs déclarations, il aurait été transporté vers le commissariat de la police nationale de Béziers à l’arrière d’un véhicule, placé sur le ventre, menotté, avec un des policiers assis sur ses fesses «dans le but de le maintenir».
À leur arrivée dans la cour du commissariat, «l’individu interpellé était inconscient» et n’a pu être ranimé, avait relaté le 9 avril le procureur.
Plusieurs personnes ayant entendu les cris de Mohamed Gabsi sont devenues témoins de la scène. Ils affirment s’être penchés à la fenêtre lorsque les agents municipaux le plaquaient au sol.
«Ils essayaient de le menotter mais l’individu s’accrochait à une barre de fer situé au-dessus de la plaque d’égout. L’homme hurlait: vous allez me tuer pour deux grammes de coke, vous allez me tuer», a raconté l’un des témoins, cité par Le Parisien. En effet, quatre petits «pochons» de moins de deux grammes contenant une poudre blanche ont été par la suite retrouvés sur la victime.
Selon un autre témoin, les agents l’ont par la suite «porté à trois jusqu’à leur voiture, et l’ont monté tant bien que mal à l’intérieur, le corps à l’horizontale, ils n’arrivaient pas à fermer la porte, et s’y sont repris plusieurs fois. À l’intérieur, il y avait au moins deux personnes sur la victime, un sur le torse, un autre sur les jambes. J’ai vu le cou de la victime pendre comme un poulet, et du vomi».Une partie de la scène a été filmée depuis une fenêtre.
Les constatations effectuées lors de l’autopsie n’ont pas permis à ce stade d’expliquer les causes du décès.
Présenté comme sans-abri par la Ligue des droits de l’Homme départementale, l’homme, né à Béziers, était sans emploi et père de trois enfants. Il était selon le parquet domicilié chez sa sœur.
Dans le cadre de la lutte contre le Covid-19, la Loi du 23 mars 2020 permet aux agents de la police municipale, aux côtés des forces nationales, d’assurer le respect des mesures de confinement dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire.
«En cas d’interpellation par la police municipale, celle-ci doit contacter le commissariat de police (nationale) depuis le lieu d’interpellation et l’Officier de police judiciaire (OPJ) de garde décide alors de se faire remettre ou pas, la personne interpellée», a rappelé le procureur à l’AFP.