Depuis le dimanche 15 mars, date du premier tour des municipales, plusieurs communes ont dû faire face au décès de leur édile en raison du coronavirus. Le gouvernement a même dû adapter la législation pour que les mairies puissent continuer de fonctionner normalement.
Plusieurs maires sont décédés du coronavirus, qu’ils ont attrapé durant la campagne ou le premier tour des élections municipales. C’est ce qu’a révélé une enquête menée par la cellule investigation de Radio France, publiée dans France info jeudi 16 avril. Face au nombre croissant de décès, le gouvernement a dû adapter le Code général des collectivités locales.
Ainsi, les 3.500 habitants de Saint-Brice-Courcelles, dans la Marne, ont pleuré la disparition le 27 mars de leur maire de 74 ans, Alain Lescouet. Il y était en poste sans interruption depuis 1993. Selon son adjoint, il «ne fait aucun doute» qu’il a contracté le virus le jour du scrutin. Les maires de Beurey-Bauguay, dans le département de la Côte-d’Or, et de Saint-Louis, dans le Haut-Rhin, ont également succombé au virus, quelques jours après le vote.
À Tracy-Le-Mont, dans l’Oise, c’est l’adjoint au maire, Jean-Jacques Zalay, qui a disparu à 67 ans. La maire Sylvie Valente-le-Hir se souvient qu’il s’était montré fatigué pendant la campagne. Si les gestes barrières ont été respectés le jour du vote, elle admet que cela n’a pas été le cas lors du dépouillement. Dans les jours qui ont suivi, pas moins de six personnes de son bureau de vote ont montré des symptômes du coronavirus.
Des assesseurs sont tombés malades après le 15 mars, notamment dans le Nord, le Pas-de-Calais, l’Auvergne, ou dans la métropole de Lyon. D’autres victimes parmi les élus ou leurs collaborateurs sont probablement à déplorer, mais aucun chiffre précis n’est disponible pour le moment.
Dans l’Oise, la mairie de Compiègne a été largement touchée: trois élus et trois employés, tous présents lors de la soirée du premier tour. «Les gestes barrières ont disparu. Plus personne ne pensait au coronavirus», a confié à France info Frederika Guillaume, journaliste locale. «Au fur et à mesure que la liesse augmentait avec les résultats qui arrivaient, tout le monde se congratulait».
Le 8 avril, le gouvernement a publié une ordonnance concernant le Code général des collectivités locales. Elle prévoit le prolongement du mandat des maires par intérim jusqu’à la fin de l’état sanitaire, qui était auparavant de 15 jours. Une mesure qui permet de «gérer le tout-venant», a expliqué Alain Lalouette, qui a pris ses fonctions à Saint-Brice-Courcelles malgré lui après la mort de l’ancien maire.
Si l’exécutif assure avoir suivi l’avis du conseil scientifique selon lequel le premier tour n’aggraverait pas la situation à condition que la population respecte les gestes barrières, l’enquête de France info révèle un autre argument qui a pesé dans la balance. Des experts en sciences sociales avaient alerté que l’annulation du scrutin engendrerait un «séisme politique et médiatique». Cela aurait détourné l’attention des Français sur les messages qu’il fallait faire passer en priorité sur le Covid-19.
Au vu des victimes et des contaminations dans la sphère politique juste après le 15 mars, le conseil scientifique a tenté de se justifier. «On est partis du principe que les élus étaient des gens responsables», a indiqué un membre du conseil scientifique aux investigateurs. «Ils sont censés mettre en place et faire respecter les mesures nécessaires. S’ils ne l’ont pas fait, c’est inquiétant», a-t-il conclu.