Le pangolin, que les chercheurs soupçonnent d’avoir joué un rôle dans la transmission du coronavirus à l’Homme, est aujourd’hui menacé d’extinction. Depuis des dizaines d’années, l’espèce fait l’objet d’un braconnage intense en Afrique à destination de l’Asie. Une ONG a révélé les dessous de son commerce illégal.
Devenu mondialement connu depuis la propagation du coronavirus, le pangolin est pourtant menacé d’extinction. Ce petit mammifère, qui vit en Afrique et en Asie du Sud-Est, est massivement chassé pour sa viande et ses écailles, qui font l’objet d’un vaste trafic illégal sur les marchés chinois et vietnamien, a indiqué le site d’actualité Reporterre.
L’ONG The Last Great Ape (Laga), qui lutte contre le braconnage au Cameroun, a observé l’arrivée de ce commerce illégal dans le pays. «Il y a une dizaine d’années, le trafic d’écailles n’existait pas dans le pays», a indiqué à Reporterre son directeur adjoint, Éric Kaba Tah. Mais la vaste demande en Asie du Sud-Est a motivé les trafiquants à développer une nouvelle chaîne de production.
«Étant donné que ce sont de tout petits animaux, cela signifie que les trafiquants doivent en capturer le plus possible pour gagner beaucoup d’argent. Cela crée une situation désastreuse pour l’espèce, qui n’a pratiquement aucun moyen de défense contre les humains», a précisé M.Kaba Tah.
En effet, près d’un million de ces animaux auraient disparu en à peine une décennie.
Malgré la pandémie de coronavirus, le trafic de pangolins ne semble pas s’être atténué. «Nous voyons encore des réseaux qui mènent leurs activités dans la clandestinité et tentent de vendre des écailles. Des restaurants continuent de vendre de la viande», a noté le spécialiste. C’est surtout au Nigeria que le commerce d’écailles, «plus lucratif que l’ivoire», trouve son origine.
La Chine a interdit le commerce et la consommation d’animaux sauvages depuis fin février. Mais comme l’a indiqué à Reporterre Ofir Drori, directeur d’un réseau activiste africain, «une grande partie du commerce des écailles est le fait de syndicats du crime organisé». Il s’agit des mêmes réseaux qui trempent dans le «commerce de la drogue, des armes, la traite des êtres humains et les crimes financiers», a-t-il indiqué.
Quant au problème des transmissions de maladies de l’animal à l’Homme, la solution exige un changement de comportement des humains. Le fait que les animaux sauvages subissent la destruction de leur habitat les pousse à se rapprocher malgré eux des humains et augmente les chances de contacts, écrit Reporterre, qui cite une étude de The Royal Society.