Les fleuristes pqrisiens se transforment en livreurs, antidote au confinement

« Il y a beaucoup de gens qui veulent des fleurs, on n’arrive pas à suivre les commandes ». Après plus d’un mois de confinement, Ylva Nygren et Antoine Lannegrand, fleuristes à Paris, viennent de reprendre leur activité, sans clients dans la boutique: ils livrent à domicile.

Sous l’enseigne « Dandelion » dans le quartier Belleville du nord de la capitale, ils préparent des bouquets à la commande. Après le 16 mars, leur magasin est resté fermé un mois entier comme tous les commerces jugés non essentiels afin de lutter contre l’épidémie de covid-19.

Oubliées pour l’instant les cascades de fleurs multicolores sur les trottoirs devant les boutiques des fleuristes, un marqueur de la vie parisienne. La leur s’est transformée en atelier. Les clients ne sont pas autorisés à entrer. Certains passent quand même une tête à la porte pour prendre leur bouquet.

Comme Ylva et Antoine, près de 20 % des 14 000 fleuristes français se sont réinventés en livreurs, indique la Fédération française des artisans fleuristes (FFAF): une activité loin de compenser les pertes qui menacent la survie de nombre d’entre eux.

« Je suis contente de voir un peu d’argent qui rentre dans l’entreprise, même si c’est une partie infime » du chiffre d’affaires d’avant, dit Ylva à l’AFP. « C’est rassurant, cela nous montre que les gens sont là et aiment toujours autant nos fleurs ».

« Après un mois d’arrêt, nous sentons depuis cette semaine que les Français ont besoin de reprendre un semblant de vie normale, ce n’était pas le cas il y a 10 jours et c’est très encourageant », confirme Florent Moreau, président de la FFAF, installé à Saint-Laurent-sur-Sèvre (Vendée).

La plate-forme Interflora a averti ses clients cette semaine que des fleuristes volontaires assuraient désormais des livraisons dans Paris et dans les départements de la petite couronne.

Dans le sud de la capitale, H, fleuriste lui aussi transformé par la crise en livreur, maugrée contre les plate-formes comme Interflora, accusées de « ponctionner des marges énormes ». « Je préfère prendre les commandes moi-même et livrer directement mes clients » dit-il à l’AFP en requérant l’anonymat. « Il faut essayer de sauver la saison ».

Avec sa camionnette blanche, il sillonne les rues de Paris. Le lilas embaume, les pivoines explosent. Du réconfort après quatre semaines de confinement. « Un client était tellement heureux de me voir qu’il m’a donné un pourboire de 10 euros pour un bouquet à 20 euros », se rappelle-t-il, tout sourire malgré un regard fatigué.